Si l’on reste largement dubitatifs devant les problèmes d’écriture et d’interprétation de Narcos : Mexico, cette seconde saison du spin-off nous convainc plus grâce à sa description saisissante du contexte géo-politique de l’époque.
La seconde saison du spin-off passablement décevant de Narcos n’apporte guère de raisons de revoir à la hausse notre évaluation quant à cette faible photocopie de la grande série originale. Toujours cette interprétation tragiquement faible de Diego Luna qui mine toute la vraisemblance de ce récit – soi-disant basé sur des faits réels – de l’ascension (la première saison) et de la chute (cette seconde saison) de l’un des premiers « grands » narco-trafiquants mexicain…
Toujours aussi ces étonnantes faiblesses dans la narration, ces « trous » dans l’histoire, qui donnent régulièrement l’impression d’un vaste WTF : le comble est atteint ici dans ce qui devait être l’un des moments-clé de la série, l’exportation via le Mexique d’une quantité invraisemblable (70 tonnes !) de cocaïne colombienne. Les scénaristes ne se donnent pas la peine de nous expliquer comment fonctionnera le plan de Gallardo, ce qui fait que l’on n’est jamais impressionné par sa « réussite ». Pire encore, l’intervention des hommes de la DEA n’est jamais non plus expliquée (quelle sont leurs sources d’information, en particulier…), ce qui fait que les conséquences désastreuses de cette intervention nous laissent finalement plus dubitatifs que concernés… Un exemple parmi d’autres pour illustrer comment cette série ne fonctionne jamais au niveau de la « série-mère » qui ne laissait, elle, que peu de choses au hasard…
Il reste néanmoins, et heureusement, un élément qui rend le visionnage de cette seconde saison plus satisfaisants que celui de la première : le contexte politique – tant mexicain qu’américain – beaucoup plus explicite cette fois, est vraiment saisissant. D’un côté les jeux révoltants des politiciens aux USA, tellement éloignés du travail sur le terrain des équipes policières, et qui condamnent finalement le sacrifice de ces derniers à des résultats dérisoires. D’un autre, et c’est encore pire bien entendu, cette brutale confiscation de la démocratie mexicaine lors des élections de 1988, qui offre des scènes littéralement affolantes de trafic des sondages et de falsification des résultats dans les bureaux de vote.
Il est indiscutable que c’est quand elle colle sérieusement à la réalité géopolitique d’une époque noire dans l’histoire des USA comme du Mexique que Narcos : Mexico redevient une série vraiment passionnante.
Eric Debarnot