Après Karen Dalton, Le Souvenir des montagnes sorti en 2016 et Alain Bashung Fantaisie militaire en 2018 déjà dans la collection Discogonie, le journaliste rouennais Pierre Lemarchand s’intéresse à Nico et plus particulièrement à son 4e album dans un livre à paraître le 5 septembre prochain aux Editions Densité. Les précommandes sont déjà ouvertes.
Ecrire sur la musique est toujours un exercice délicat car n’y a -t-il pas média artistique plus subjectif, plus poreux à la sensibilité et aux interprétations à tiroirs ? On sent bien que Pierre Lemarchand a compris et esquivé ce piège, il suffit d’avoir lu ses deux livres déjà sortis, son ouvrage sur Karen Dalton ou encore celui sur Alain Bashung, pour comprendre que l’animateur de l’émission de radio Eldorado est plus dans une démarche d’auteur que d’historien de la musique. Bien sûr, Pierre Lemarchand s’appuie sur des faits historiques, sur des documentations incontestables, sur des échanges précis avec des participants aux disques mentionnés. Mais ce qui semble l’intéresser avant tout, c’est d’amener cette réalité-là vers une forme de fiction, il romance le quotidien comme il le fait dans ses propres émissions. Car pour toucher l’authenticité d’un individu, il faut d’abord se l’approprier, le faire sien, un double de soi. Un être que l’on comprend de l’intérieur de soi, dans l’infime palpitation, dans le minuscule tremblement.
Il en faut du culot ou de l’inconscience ou de l’empathie pour s’attaquer à l’icône Nico, peut-être les trois tous à la fois.Car avouons-le, de Nico, nous conservons une silhouette floue, presqu’un cliché, une voix rauque, gutturale et singulière, la participation à des disques essentiels (Le Velvet Underground). Pierre Lemarchand laisse le cliché là où il doit rester et va chercher la Christa Päffgen qui se cache derrière la forme sculpturale des années 60. Comment atteindre cet état, cette reconnaissance d’un individu unique ? Peut-être en le marquant dans une temporalité, ici l’année 1974, date de sortie de son quatrième album, The End.
C’est peut-être Pierre Lemarchand qui parle le mieux de son rapport à Nico et son album The End, quand on lui demande « Que reste-t-il d’un tel album quand on l’a étudié sous toutes les coutures pendant des mois ? », il répond » Il en reste plus qu’au départ ! Non seulement le mystère et l’émotion de l’écoute sont intacts, mais ils sont renouvelés et augmentés. Les chansons gardent leur force immédiate et se recouvrent d’une énergie, d’une vibration supplémentaires : celles de l’histoire que j’ai tissée avec elles. J’ai tissé mon histoire avec Nico, nous avons compagnonné un an ensemble et, inévitablement, l’écoute de ses albums ne peut plus être la même. Si je suis toujours touché aussi intensément par sa musique, je la comprends mieux aujourd’hui. J’ai bien sûr découvert beaucoup de choses durant ce long travail. J’ai été bouleversé à de maintes reprises. Nico demeure complexe, paradoxale, énigmatique. Je n’ai rien élucidé. Mais je suis allé plus profond en son œuvre, en ai découvert de nombreuses clés. Ma fascination a grandi. Le long chemin de l’écriture m’a mené à cette évidence que ce disque,The End, est un de ceux qui me touchent le plus – un des plus importants de ma vie. »
A sa manière si subtile et si personnelle, Pierre Lemarchand ne perce aucun mystère dans l’ombre de l’icône Nico, au contraire, il en construit d’autres et ouvre des facettes inédites et sensibles.
Pierre Lemarchand dit encore :
« Cette écriture, je m’en rends compte aujourd’hui, fut une expérience de solitude. La matière principale, ce sont mes écoutes répétées, mon immersion totale dans ce disque. Et cette plongée solitaire et absolue me semble bien correspondre au sujet même ! »
Comme vous le savez, le monde de la culture a été lourdement impacté par la crise sanitaire liée au Covid 19 et malheureusement, il en va de même pour le milieu du livre. Pour permettre à ce Nico The End de sortir dans de bonnes conditions le 05 septembre prochain, les Editions Densité et leur collection Discogonie vous invitent à pré-commander dès à présent le livre ici pour un coût de 10€50.
Ce qui est sûr c’est que Benzine Magazine vous en reparlera plus largement à sa sortie cet automne.