Ce recueil rassemble des aphorismes comme de véritables petites nouvelles, des miettes d’existence, des fragments de vie, des instants figés… Il relève les contradictions, les incongruités, les stupidités qui agrémentent l’existence mais aussi les distorsions, les disparités, les ambiguïtés qui fleurissent entre le langage et la réalité que les personnages cherchent à décrire.
Dans ce recueil Olivier Hervy rassemble des aphorismes comme de véritables petites nouvelles, des miettes d’existence, des fragments de vie, des instants figés, directement inspirés de son quotidien notamment de ses relations avec sa charmante vieille voisine toujours impeccable, son bruyant voisin bricoleur, sa boulangère revêche… Il relève les contradictions, les incongruités, les stupidités qui agrémentent l’existence mais aussi les distorsions, les disparités, les ambiguïtés qui fleurissent entre le langage et la réalité que ses personnages cherchent à décrire. J’ai noté ce qui est peut-être la plus petite tranche de vie du recueil : « Même chez lui, le petit voisin joue au foot dans mon jardin ». J’ai vu ce gamin taper trop fortement dans son ballon qui franchit la clôture entre son jardin et celui de l’auteur, je l’ai vu enjamber cette clôture et piétiner le jardin de l’auteur pour récupérer son ballon avant que le propriétaire du jardin intervienne toute vindicte dehors pour houspiller le môme. Avec seulement quelques mots l’auteur aura raconté cette petite histoire.
Avec le mode d’emploi en plus !
Olivier Hervy est aussi un bon pédagogue, il explique sa démarche. « l’aphorisme est une proposition. De difficultés différentes, certains très simples, d’autres plus compliqués. Le lecteur doit accepter de ne pas tous les comprendre ». Voilà qui me rassure, je suis sûr de sortir de cette lecture sans nourrir un complexe d’infériorité inutile. Comme un metteur en scène particulièrement clair et prévenant, avant de faire jouer les mots il explique le jeu auquel il va les soumettre. Il expose le contexte dans lequel il a été amené à formuler presque chacun d’eux. Il livre ainsi une véritable leçon de création d’aphorismes à l’usage des amateurs qui voudront bien comprendre que « L’aphorisme s’approche plus du ski alpin que du ski de fond que l’aphoriste laisse volontiers aux romanciers. Nous, on va droit au but ! » Ainsi armé le lecteur pourra débouler tout schuss dans ce recueil en prenant tout de même le temps de réfléchir car si l’auteur est généreux, il ne donne cependant pas tout. « Eh ! Je ne vais tout de même pas dire d’où vient chaque aphorisme, non mais ! »
Pour ma part j’ai noté quelques extraits qui pourraient me concerner, comme cette pique un peu vacharde qui m’a bien fait rire : « C. qui sait tout faire est également toujours le mieux habillé et le plus cultivé d’entre nous. Aussi, cette fois, je me réjouis qu’il nous serve un rôti trop cuit ». J’avoue que j’ai eu parfois ce petit éclair de jouissance. « Le mode d’emploi illisible et compliqué m’indique surtout que je vais devoir me débrouiller tout seul ». J’ai bien senti, trop souvent hélas, moi aussi cette terrible solitude. Et pour finir, je voudrais rassurer l’auteur, il n’est pas seul à confondre, ou à oublier, des personnes qu’il est sensé connaître, je suis aussi un excellent client de ce petit travers. « Je m’agace que ce voisin qui ne me reconnait jamais quand je le salue dans la rue soit si peu physionomiste, jusqu’à ce que ma femme m’informe que ce n’est pas lui, même s’il lui ressemble un peu ».
Et merci à l’auteur pour toute la pédagogie dont il a su faire preuve !
Denis Billamboz