The Haggis Horns, une des meilleures formations Jazz/Funk actuelles en Europe, (pour peu que l’Angleterre fasse encore partie de l’Europe) reviennent plein d’assurance avec Stand Up For Love, un cinquième album qui fait la part belle aux fondamentaux de leur art.
On dirait presque un album hommage à tous ces groupes qui les ont influencés et menés là où ils sont. Il y a le puissant Shoulder to Shoulder par exemple, qui nous fait penser aux californiens de Tower Of Power avec ces riffs de guitare, cet ensemble de cuivres et ces chœurs qui rajoutent de l’énergie au chant lead ou bien Burning dans lequel on ressent les influences de Funk latino glanées au sein du quartier new-yorkais de Spanish Harlem de la grande époque.
Pourtant, c’est bien loin de là que le noyau des Haggis Horns est né, à Leeds au cœur de l’Angleterre, une ville plutôt connue pour ses groupes de Rock (Kaiser Chiefs, Pale Saints…) mais où le groupe a toujours été capable, pour se faire apprécier, de se fondre dans d’autres collectifs en se mettant au service des autres, des travailleurs de l’ombre mais dont la ténacité a fini par payer.
Composé de Malcolm Strachan (trompette), Atholl Ransome (saxophone / flûte), Errol Rollins (batterie), Kenny Higgins (basse), Rob Mitchell (saxophone), George Cooper (claviers) et Ben Barker (guitare), le combo dont la section de cuivres participa en 2001 à l’album Keb Darge presents The New Mastersounds du groupe Funk The New Mastersounds a eu la chance, suite à cela, de croiser la route de Mark Ronson et de son incroyable carnet d’adresses. S’en suivront des collaborations prestigieuses avec ce qui se fait de mieux à cette époque au royaume d’Angleterre, tous styles confondus, de Lily Allen à Jamiroquai en passant par Robbie Williams, les Duran Duran, Morcheeba, Amy Winehouse…, mais aussi au pays de l’Oncle Sam avec des références du genre comme Lou Donaldson, Martha Reeves, John Legend …
Désormais propriétaires de leur musique suite à la création de leur label Haggis Records en 2015, ils publient sous cette nouvelle bannière, non seulement leurs albums, mais aussi les projets solos de certains artistes comme le très bon album de Jazz de Malcolm Strachan sorti en mars de cette année.
Pour ce dernier opus, les Haggis Horns ont donc joué la sobriété et l’efficacité. Contrairement à leurs précédents essais où ils avaient l’habitude d’avoir des featuring nombreux et variés, ils se sont recentrés en s’octroyant « simplement » les services de deux anciennes connaissances – l’Ecossais John Mc Callum (au chant sur 7 titres) et le joueur de conga Sam Bell – comme pour mieux retrouver leurs origines musicales que sont les groupes Funk des 70’s tels que The Blackbyrds, The B.T. Express, The Meters, The JB’S, Tower Of Power, Kool and The Gang… des groupes avec une forte présence de cuivres et de percussions, un groove et une énergie contagieuse.
Sans dissimuler ces multiples influences, les 9 titres de cet album résonnent de façon moderne dans nos têtes, faisant admirablement le pont entre les années 1970 et 2020. La manière dont l’album est conçu et arrangé permet de garder l’auditeur dans une bulle de groove d’une durée de 38 minutes et 42 secondes.
Nous avons même droit au beau milieu de tout ce Funk à un petit interlude Reggae nommé comme l’album Stand Up For Love et qui est tellement bien intégré dans l’ensemble qu’on l’apprécie comme le reste sans sourciller ni se poser de question.
Cet album respire la confiance et la sérénité, et c’est peut-être cela la clé du bonheur.
Arnold PIJOT