Cinq ans après Inji, son premier album sorti en 2015, Sam Dust Aka LA Priest, ex Late Of The Pier, revient avec Gene, nouvel opus qui repousse encore plus loin les limites de la pop.
On pourrait se demander pourquoi le trublion bidouilleur de sons, LA Priest a mis autant de temps pour dévoiler ses nouvelles compositions, car il faut reconnaître que 5 ans, c’est long. La sortie de l’OVNI Inji avait à l’époque fait grand bruit et jeté un pavé innovateur dans la mare de la Pop indé ; le single Oino, petite pépite totalement inclassable et irrésistible, sorti en guise de mise en bouche avait affolé la toile et su tenir l’auditeur en haleine.
Cependant, ne nous y trompons pas, Sam ne s’est pas reposé sur ses lauriers pendant cette longue période de gestation, qui pour le coup s’est plutôt révélée créative : l’artiste a sorti un album immédiatement devenu culte avec son acolyte Connan Mockasin, sous le pseudo Soft Hair et aura également imaginé et conçu une machine, sorte de boîte à rythmes analogique baptisée Gene, avec laquelle il a enregistré ce nouveau disque foutraque, inventif et cacophoniquement maîtrisé.
Travaillant en solitaire pendant plus de deux ans en Californie, au Pays de Galles et sur la côte sud de l’Angleterre, soudant le fer à la main, Sam a développé les composants internes de Gene en utilisant des dizaines de circuits électriques qu’il a lui-même fabriqués.
Résultat d’un profond effort de réflexion, Gene (l’album) renferme des trésors d’inventivités, des titres à la structure complexe, des sons venus d’ailleurs, et des voix haut perchées au service d’un groove unique et imparable propre à LA Priest. Rares sont les artistes qui possèdent un son à ce point reconnaissable et singulier, le projet de Sam appartient clairement à ce club restreint.
L’album s’ouvre sur l’inéluctable et bien nommé Beginning, puis se poursuit avec le dernier single en date Rubber Sky, dont la vidéo met en scène Sam jouant de la guitare en milieu aquatique, avec force stroboscopes. What Moves ? vient poser la question de la vraie motivation guidant les choix d’une vie. Au centre de l’album réside la pierre angulaire Monochrome, vibrante et sonore, alors que le dernier tiers de l’album évolue vers une sphère plus expérimentale et dark, sans oublier le magnifique What do you see, et son chant aigu, rappelant les chants traditionnels asiatiques.
Bref, vous l’aurez compris, la musique de LA Priest ne peut s’apprécier qu’en s’écoutant, car elle constitue un voyage inédit vers des contrées sonores vierges et à défricher.
David Counil