Malgré le buzz autour de Caleb Landry Jones et de son album The Mother Stone, difficile de trouver son compte dans ces 15 titres qui laissent pourtant entrevoir un talent évident mais qui reste pour l’instant à l’état de brouillon.
Vous avez forcément vu passer cette pochette étrange, lu ou entendu parler de Caleb Landry Jones, cet acteur mais aussi musicien et chanteur qui a sorti au début du mois de mai son premier album The Mother Stone. Un disque encensé par une bonne partie de la presse qui se montre dithyrambique au sujet de ce personnage sorti de nulle part ou presque mais semble rassembler toutes les caractéristiques pour devenir un personnage glamour qui manque tant au rock dans l’époque actuelle.
On dit de ce garçon qu’il a enregistré dans son coin près de 700 chansons à ce jour avant que Jim Jarmush (qui l’a fait tourner dans The Dead Don’t Die, 2019) le fasse entrer en contact avec le label Sacred Bones – qui abrite les albums de David Lynch et John Carpenter – Et c’est donc sur le label New yorkais que parait cet album composé, dit-on encore, suite à une déception amoureuse. Du bien beau storytelling…
Plus concrètement, les chansons de Caleb Landry Jones ressemblent à un bon gros pot-pourri de ce qui se faisait de plus excitant en matière de pop rock psychédélique dans les années 60 et 70. On pensera bien sûr au Glam rock, celui de Bowie ou T-Rex, mais aussi aux Beatles, aux Who, à Pink Floyd et Syd Barrett dont les ombres planent sur cet album dense, touffu et pas toujours très aimable malgré le fait qu’il rappelle plein de choses connues qu’on adore.
Un brouillon à mettre au propre
En tout cas, le garçon a un certain talent pour proposer des compositions psychédéliques comme à la grande époque, mais il manque à sa musique des mélodies franches, quelques refrains fédérateurs et deux ou trois titres forts… des choses qui font pourtant la différence et que l’on attendra sur chaque titre mais qui finalement ne viendront jamais.
Dommage car une fois apprécié ces orchestrations assez gargantuesques, ces variations vocales permanentes, ce déluge sonore incessant, il ne nous reste finalement pas grand-chose de vraiment solide et de durable.
On sort du disque comme on sort d’un repas riche et copieux sans pour autant que l’on se sente rassasié, avec l’impression d’avoir écouté quelque chose de pas terminé, encore à l’état d’ébauche.
Beaucoup de bruit pour pas grand chose ?
Difficile à dire. L’avenir nous le dira sans doute. En attendant ce The Mother Stone reste une curiosité, un objet musical intéressant mais qui se révèle impossible à écouter d’une traite, avec à chaque fois cette impression de trop-plein ressenti. Car malgré les écoutes nombreuses, on se lasse assez vite de cet enchaînement de titres aux allures arty, souvent bien trop alambiqués mais dans l’ensemble assez généreux.
Il manque un cadre, une homogénéité à cet album qui aurait sans doute mérité d’être plus ramassé. Espérons que ce premier jet prometteur mais très brouillon permettra à l’artiste de défricher un peu sa musique, de l’affiner, d’aller à l’essentiel afin de nous prouver que cette générosité et ce trop-plein d’idées peuvent déboucher sur quelque chose de plus convaincant.
Benoit Richard