Double Françoise, pour Françoise Sagan et Françoise Dorléac. Double Françoise c’est surtout un duo français qui fait des chansons pop rétro épatantes. Les Bijoux, leur premier album est à découvrir sans tarder !
Prenez un peu de Valérie Lemercier à la sauce Tricatel, un peu de Philippe Katerine des débuts, un soupçon de Joe Dassin, une bonne cuillerée de Gainsbourg 60’s, ajoutez-y une petite dose de variété des années 70 et vous obtiendrez le son délicieux de Double Françoise. Soit un duo fille / garçon Made in France que l’on avait découvert il y a quelques temps sur le label belge Freaksville records avec Les French chanteuses. Leurs chansons adorables évoquent la nouvelle vague et bien sûr les films de Jacques Demy. Des chansons pleines d’insouciance, de légèreté et de fausse innocence qui s’écoutent avec grand plaisir.
Alex Rossi – Domani È Un’altra Notte
De l’italo-disco sexy, avec des sons actuels mêlés aux sons 80’s, et la personnalité attachante d’Alex : cocktail très réussi. Tellement touchant et plein de joie à la fois. On adore ce disque. Les compos et la réalisation, en bonne partie signées Romain Guerret et Arnaud Pilard (Aline) sont formidables. Des tubes à l’ancienne, pas mal de doux sentiments et d’amour vache. Et puis ce fil narratif, l’histoire des origines italiennes, du grand-père, c’est vraiment un bel album, qui raconte un homme. Pour l’anecdote, Alex est le dernier artiste qu’on aie vu en concert, en mars, juste avant le confinement. C’était à Niort, et c’était excellent. Tutto va bene jusqu’à voir Venise.
Stuart Moxham & Louis Philippe – The Devil Laughs
Un album et deux artistes découverts seulement récemment (mieux vaut tard que jamais), grâce à un ami, et instantanément adoptés. C’est très, très beau : des guitares acoustiques, des harmonies, des rythmiques et des mélodies tout en délicatesse et en profondeur. C’est assez magistral. Des moments d’harmonies vocales divines nous rappellent le style de Purple Submarine Orchestra, un groupe qu’on aime beaucoup.
Benjamin Schoos – Doubt in my heart
Un album magnifique, 9 morceaux parfaits, des harmonies rêveuses, des ambiances chaleureuses. Il fait pleurer, et console, et refait pleurer, et console à nouveau, au fil d’humeurs qui varient comme le ciel. C’est enveloppant et lumineux à fois, c’est émouvant, c’est très beau. On dit que c’est l’album idéal pour l’été, et c’est vrai, mais à notre avis il peut faire du bien quelle que soit la saison. En fait, c’est l’album d’un chanteur qui ne chante pas (des guests d’outre-Manche et d’outre-Atlantique y donnent de la voix), mais qui est bien là, qu’on sent du début à la fin, dans ses compositions et ses arrangements. Attachant.
Charles-Baptiste – Le Love et le Seum
Rien que pour Bled, le single avec une très belle vidéo : le bled, le patelin, le village, d’où l’on vient et où parfois l’on revient, ça nous parle, ça nous touche. Très beau titre. Cet album, ce sont des ambiances et des textes à la fois très modernes et mélancoliques. Et d’autres plus portés sur les choses de l’amour-et-plus-si-affinités, comme le très sexy Sexamour. Bref, amour et mélancolie, autrement dit le love et le seum.
Une idée très ludique, en effet, que ces paroles devenant mélodie. Et puis surtout, cet album, ce sont des arrangements vraiment superbes, aux sons chauds et vivants, des basses sexy qui groovent, des flûtes enjouées qui chatouillent, c’est un vrai plaisir. Une expérience curieuse et fort agréable.
5 disques pour toujours :
Françoise Hardy – Et si je m’en vais avant toi
On adore Françoise Hardy d’une manière générale, avec une affection particulière pour cet album-ci, pour ses rythmes et sonorités rock, blues, ou country. Des musiques américaines, en somme, pour des chansons on ne peut plus françaises. Les paroles de cet album, c’est la quintessence de l’amoureuse malheureuse, malcomprise, masochiste (Bruit de fond) mais qui garde le sens de l’humour (Où est-il?). Bref, c’est du concentré pur de Françoise Hardy.
Jane Birkin et Serge Gainsbourg – s/t
Contrairement à son successeur, « Melody Neslon », dont la partie musicale doit beaucoup à un autre compositeur (Vannier donc), cet album est quasi-exclusivement signé par Gainsbourg, paroles et musiques. On peut déjà y entendre cette même section basse/batterie anglaise qui nous obsède, mais dans un contexte très différent, faisant groover (à mort!) une collection de tubes et de chansons plus légères qui peuvent aussi bien s’écouter indépendamment de l’album. L’enregistrement de la chanson-titre est un exemple parfait d’accident phonographique miraculeux, puisqu’il doit son existence autant à la rencontre de Jane et Serge qu’à l’interdiction de sortie de la première version enregistrée avec Bardot et d’autres musiciens, version que celle de l’album surpasse largement à notre avis.
The Kinks – The Kinks are the village green preservation society
Un album à part, déjà à l’époque. C’est un petit monde clos, une Angleterre fantasmée par Ray Davies. Il y a ce son, assez brut, les Kinks n’ayant pas les moyens de finasser en studio comme les Beatles, et en fait c’est tant mieux. Des compos aux mélodies imparables, avec une relative économie d’accords, mais pourtant toujours originales, une sorte de faux folklore (électrique) réinventé. Et des paroles aussi brillantes que sensibles, réellement poétiques, avec une pointe d’humour désespéré. On a souvent loué les talents de songwriter de Ray, mais l’album doit aussi beaucoup aux arrangements parfaitement à propos du groupe. La photo bucolique de la couverture colle parfaitement aux images mentales convoquées par ces enregistrements. On aimerait y retourner, « I wanna be back there… ». (Conseil : voir l’excellent documentaire récent de Christophe Conte.)
The Beach Boys – The Beach Boys love you
Les Beach Boys, c’est une saga américaine fascinante, et après le mythique « Pet Sounds », il y eut encore de grands moments musicaux, grâce au génial Brian Wilson. Après une période sombre durant laquelle il lâche presque le groupe, en 76 Brian ressuscite (avant de replonger pour longtemps) et livre cet album un peu improbable, mais très attachant, à la production plus sèche et sur lequel il joue presque toutes les parties instrumentales. Les synthés et divers claviers en constituent l’essentiel, en particulier les basses au Moog, sur fond de batteries minimalistes très réverbérées, préfigurant ainsi des sonorités 80’s. Brian nous touche. Expression de son vécu, sa voix est méconnaissable, devenue plus grave, rauque, et parfois fragile, et finalement parfaite pour interpréter ses textes premier degré et presque enfantins, transcendés par ses fabuleuses harmonies.
Antonio Carlos Jobim – Wave
Jobim est surtout connu comme le compositeur de l’éternelle « Garota de Ipanema » et de tant d’autres standards de la chanson brésilienne, mais une fois devenu un hitmaker aux US il a eu la possibilité d’y enregistrer de luxueux albums instrumentaux, très orchestrés, en particulier ceux sortis chez A&M. Vu de loin on pourrait faire l’erreur de les étiqueter « easy listening » mais leur richesse harmonique et mélodique, ainsi que la finesse des arrangements les hissent bien au-dessus, toujours propulsés par un groove authentiquement brésilien. Sur certains morceaux de « Wave », on ferme les yeux et on atteint la stratosphère.