L’américain Constantine Hastalis nous plonge dans une sphère temporelle Psyché-folk, comme si l’on se réveillait au matin dans des effluves de patchouli au coin d’un feu mourant d’une soirée brumeuse de la fin des années 60 ou 70. Un second album qui est bien plus qu’un simple exercice de style.
l’obsession médiévale
Vous n’avez sans doute jamais entendu le nom de Constantine Hastalis qui a réduit le nom de son groupe à son seul prénom. D’origine grecque comme son patronyme l’indique, le musicien semble assumer sa double culture, européenne d’un côté et américaine de l’autre.
Avec Constantine, il navigue dans un univers ultra-référencé, volontiers désuet qui ranime la scène Acid et Psyché Folk. Là où d’autres se vautraient dans un exercice de style paresseux, dans une pâle copie sans saveur, dans une attitude de suiveur ou de fan bien trop respectueux des travaux des aînés, Constantine sort un disque de 1968 en 2020, In Memory Of A Summer Day est à la fois un album passé mais aussi vivant et palpitant On y entend pourtant tous les ingrédients attendus d’un disque de Psyché Folk, l’obsession médiévale que l’on retrouve sur la pochette comme dans les orchestrations, des sons indiens et une narration théâtrale. Sauf que Constantine Hastalis s’installe dans une distance toute moderne, une forme d’ironie et de tendresse.
On imagine aisément le jeune Constantine Hastalis, adolescent plongé dans ses lectures du Silmarion, cherchant Tom Bombadil au coin des rues, combattant des dragons de papier dans la cour d’une école. On l’imagine volontiers un peu inadapté aux autres, à ceux qui l’entourent, préférant se plonger dans un monde parallèle et imaginaire, une extension possible de ses rêveries de promeneur solitaire. Sans doute que la musique lui a permis d’ancrer ses errances dans une réalité plus palpable et dans une passerelle possible et un lien ouvert vers les autres. C’est sans doute à cause de cette quête d’empathie que In Memory Of A Summer Day nous touche tant malgré ou plutôt grâce à ses références.
Constantine chante l’amour courtois
Car bien sûr, il sera bien difficile de ne pas citer The Incredible String Band, Donovan ou Pentangle dont la présence transpire de toutes ces chansons.
Est-ce ces origines européennes qui pousse Constantine Hastalis à revenir vers des inspirations de troubadour de la Renaissance ? On jurerait l’entendre chanter l’amour courtois, affirmer l’amour de la rose avec une verdeur inédite.
Après Day Of Light (2015), le natif de Chicago construit avec In Memory Of A Summer Day un disque concept, un ouvrage qui nous raconte une histoire. Il faudra voir chacune des douze chansons qui forment l’album comme douze chapitres qui installent un conte fait de châteaux, de dragons et d’aventures épiques. C’est souvent délicieusement charmant et courtois comme nos ancêtres se plaisaient à le dire, parfois touchant et toujours d’une belle sensibilité.
Avec In Memory Of A Summer Day, Constantine Hastalis parvient à nous transporter sur ces chemins caillouteux qui longent des rivières sauvages et poissonneuses, ces prairies à perte de vue. Car toujours il faut prendre au sérieux celui qui vous invite celui qui vous invite à suivre le cours d’une rivière.
Il faudra suivre avec intérêt les travaux à venir de Constantine qui vont au-delà du cahier des charges qu’implique un disque Psyché Folk. Un des grands disques de 1968 est sorti avec un peu de retard en 2020, la faute à un accident temporel peut-être où à l’égarement de son auteur dans un voyage qui l’a emporté trop loin. On ne refusera pas de découvrir les descriptions des paysages et des individus rencontrés, des histoires entendues qu’il nous offre dans ce livre des merveilles.
Une invitation au voyage peut-être…
Greg Bod