En 1994, Charlotte, fille de l’Ambassadeur de Belgique au Rwanda est évacuée vers on pays pour fuir le génocide des Tutsis. Vingt après, elle retourne sur les lieux pour savoir et comprendre ce qui s’est réellement passé.
En 1994, Charlotte a 10 ans, elle est la fille de l’Ambassadeur de Belgique au Rwanda au moment où le massacre des Tutsis commence, bien vite elle est rapatriée en Europe, elle n’a presque rien vu, elle ne sait rien, ses parents ne se sont jamais occupés d’elle, ils ont toujours refusé de répondre à ses questions. Elle a été élevée par Nounou, la domestique qui s’occupait des tâches ménagère à la résidence de l’ambassadeur. Vingt ans après, son mari tyrannique l’ayant abandonné, ses parents ayant émigré au Brésil, elle décide, contre l’avis de tous, de partir seule au Rwanda pour savoir ce que sont devenus Nounou et son fils Daniel qui jouait souvent avec elle, pour savoir ce qui c’est réellement passé, pour comprendre pourquoi ont refuse de répondre à ses questions.
Avec l’aide d’un chauffeur de taxi particulièrement complaisant, elle découvre peu à peu ce que fut le massacre, ce qu’est devenu le Rwanda et surtout ce que sont devenus ceux qu’elle a aimés. Elle mesure l’immensité et l’atrocité de la violence qui s’est abattue brutalement sur ce pays aux apparences pourtant si paisibles en visitant l’ossuaire de Murambi où les corps pétrifiés « hurlent l’horreur », ce lieu mémoriel que Boris Boubacar Diop a mis en scène dans son roman : Murambi, le livre des ossements. Elle essaie de comprendre comment une telle violence a pu se déchaîner sous le regard complaisant des Européens. Elle essaie d’identifier les coupables mais elle est bien obligée d’admettre que le massacre rwandais ne se peint en pas en noir et blanc, qu’il y a de nombreuses nuances de gris à prendre en compte.
Elle croit qu’elle aussi peut être classée parmi les responsables, chargée de la culpabilité de sa famille, et elle comprend que parmi les bourreaux d’hier certains sont peut-être aujourd’hui d’autres victimes. « Victimes et bourreaux sont indissociables, pour toujours enchaînés l’un à l’autre ». Ce génocide a été expliqué, tout n’a pas été révélé, toutes les culpabilités n’ont pas été dévoilées… Au-delà de l’affrontement entre deux ethnies pour s’assurer la maîtrise d’un territoire, elle s’interroge sur la capacité de l’homme à recourir à des violences d’une barbarie incroyable, sur la capacité de son père à laisser assassiner jusqu’à ceux qui servaient sa propre famille. « Les génocidaires n’étaient pas des extra-terrestres …. C’étaient des gens comme nous. C’étaient des voisins, des cousins, des professeurs… »
Monique Bernier était au Rwanda en 1994, elle n’était probablement pas la fillette qu’elle met en scène mais elle en sait assez pour accuser violemment l’ambassadeur, les Occidentaux en général et l’ONU d’avoir été totalement passifs et peut-être même un peu plus : vaguement complices ! Justice a été faite, avec les moyens du bord, certaines impunités sont douloureuses à supporter mais les Rwandais doivent regarder leur avenir et reconstruire leur pays. Son ami la persuade que « Chaque étranger qui retourne chez lui doit emporter une belle image de mon pays. Il faut qu’il puisse dire à ses amis, à sa famille : le Rwanda est un pays magnifique ! ». Hélas ce n’est pas le seul pays à avoir connu l’horreur et l’abomination, ils sont nombreux à avoir voulu asseoir leur pouvoir en éliminant et en torturant leurs opposants ou même de purs innocents.
Et si le vrai responsable était : « Cette humanité capable de concevoir autant de souffrances, capable de préparer un génocide, de planifier l’horreur. Planifier la mort. L’accomplir. La laisser accomplir. Rester spectateur… » ?
Denis Billamboz