Encore un film d’action « fantastique » inspiré d’un comic book US, et ce n’est pas parce qu’il est diffusé sur Netflix qu’il présente la moindre originalité par rapport aux « produits concurrents » sortis en salle…
Il est assez logique que Netflix, dans son approche de « ratissage systématique » du grand public des salles de cinéma, s’attaque maintenant au cinéma d’action populaire, mâtiné de surnaturel, soit l’un des genres les plus à la mode depuis l’invasion planétaire des super-héros américains. The Old Guard constitue donc une tentative a priori crédible de lancer une franchise globale dans le genre, en association avec une Charlize Theron, actrice fort respectable envisageant désormais une seconde carrière sur le modèle « Tom Cruise / Mission Impossible ». Inspirée de la série de comic books US éponyme, oeuvre du célèbre Greg Rucka – responsable d’ailleurs du scénario du film – The Old Guard s’avère un produit très standard, sans réelle surprise, et donc par là-même une vraie déception.
On connaît depuis son triomphe dans le dernier Mad Max les qualités « bad ass » de Charlize Theron, crédible aussi bien physiquement – de bien belles « cascades » – que « moralement », avec son visage que le passage des années durcit de plus en plus, et son professionnalisme n’est pas à remettre en cause. Le reste du casting est également impeccable, même si des pointures comme Matthias Schoenaerts ou Chiwetel Ejiofor mériteraient des personnages un peu plus intéressants que ceux qu’on leur fait jouer ici. C’est bien la profonde banalité d’un scénario, restant bien en deçà du potentiel « mythique » de son sujet (une bande d’immortels interfèrent avec l’histoire de l’humanité…), qui condamne le film à un ennui ronronnant, mais peu à peu mortel. L’alignement de combats répétitifs et manquant d’originalité, la multiplication de poncifs caressant le public dans le sens du poil (les super méchants sont donc désormais les grandes corporations, ici la « Big Pharma », histoire d’alimenter toutes les thèses complotistes sur les réseaux sociaux), et la superficialité constante des dialogues et des rapports entre les personnages transforment peu à peu The Old Guard en un divertissement très moyen.
Du côté positif, on appréciera toutefois quelques scènes où Gina Prince-Bythewood, dont on a du mal à se souvenir des débuts en 2000, tant elle a depuis dilué son talent dans de la série TV à vocation alimentaire, tente de faire naître un peu d’humanité, d’émotion : c’est surtout le personnage de Nile, bien campé par la convaincante Kiki Layne, qui retient l’attention et permet finalement à The Old Guard de ne pas être instantanément oubliable.
Reste que la dernière scène, post-générique comme il se doit, laisse présager de toute façon un second volet… qu’on n’a pas très envie de voir !
Eric Debarnot