All news is good news est un disque « fait maison », dans un home studio de la banlieue de Melbourne, par une bande de potes qui ont eu la surprise de voir, à sa sortie début 2019, les premiers exemplaires de leur bébé s’arracher lors de leurs prestations locales.
Surprise Chef est un jeune groupe, créé en 2017, via le collectif College Of Knowledge Records. Il comprend 4 membres fondateurs : Lachlan Stuckey à la guitare, Carl Lindeberg à la basse, Andrew Congues à la batterie et Jethro Curtin aux claviers. Ce quatuor, qui évolue dans la bouillonnante sphère musicale de Melbourne (comprenant entre autres le groupe Soul / Funk Karate Boogaloo), en a profité pour faire se succéder des copains saxophonistes, flûtistes, percussionnistes, … qui sont venir enrichir certains de ces enregistrements, pour un résultat captivant mêlant Jazz /Soul / Pop et grooves Funk. Il faut savoir qu’il aura fallu à Surprise Chef attendre plus d’un an après sa composition pour que All News is Good News bénéficie enfin d’une sortie physique à l’internationale par le label Mr Bongo, qui a bien senti que ces 4 garçons avaient du talent à revendre !
On dit Surprise Chef inspirés par les géniaux compositeurs David Axelrod ou Janko Nilovic (qui ont eu leurs heures de gloire dans les 70’s avant de renaître dans les 90’s en étant samplé par les stars du Hip-Hop), mais leur musique, exclusivement instrumentale, revêt aussi d’autres influences, plus contemporaines, quelque part entre les New-Yorkais d’El Michels Affair, les Italiens de Calibro 35 et les Californiens de The Monophonics.
Dans le morceau All news is good news qui ouvre le disque l’instrumentation est réduite au minimum, la guitare marque le rythme, la batterie se fait jazz, délicate presque invisible, mais pourtant indispensable à ce morceau plein de Soul et de groove. Les titres s’enchaînent, souvent plein d’assurance et de mystère, comme Herbie Hempill, Blyth Street Nocturne ou encore Flip Shelton, avec son intro aux faux airs du Budos Band. L’un des meilleurs titres de l’album, Crayfish Caper, résonne comme un duel moderne, une sorte de revisite de ces musiques de westerns où l’on attend que l’un des protagonistes réagisse pour enfin briser le suspense crée par la musique. Drinking from the cup of Bob Knob, du nom du fondateur du Label HopeStreet Recordings (le label Australien du groupe Karate Boogaloo), est un morceau qui, avec sa guitare et sa batterie en mid-tempo, et avec l’omniprésence d’un orgue évoquant les films d’horreur des années 50, crée une ambiance inquiétante et enivrante.
Quand on creuse un peu, on est étonné de s’apercevoir que les titres donnés aux morceaux font référence à des personnalités ou des lieux, comme un clin d’œil amical. Bob Knob donc le patron de label, Flip Shelton une écrivaine et journaliste australienne, Herbie Hempill est un vendeur d’épices connu au pays des kangourous, Blyth Street une rue de Melbourne… sans même parler du légendaire Baby Huey, un chanteur de Funk décédé il y a 50 ans (en ne laissant derrière lui qu’une seule œuvre discographique, Hard Times, que les collectionneurs s’arrachent), qui a droit lui aussi à son morceau, sans surprise le plus funky de l’album, Have you fed Baby Huey today.
Même si on l’aurait parfois aimé plus d’audace dans certains morceaux, on peut dire que ce premier essai, sonnant comme une grande balade pop/soul, est suffisamment original et réussi pour mériter toute notre attention.
Arnold Pijot