Pottery pilonne le disco-mutant à coup de déca-dance apocalyptique et frénétique. Leur premier essai, très réussi, encense les rythmes, la transe et les guitares dans un défoulement musical jouissif.
Les canadiens de Pottery ont placé le groove bien haut, à vouloir faire danser les Növos. Avec Welcome to Bobby’s Motel, (sélection du mois de juin 2020) les cinq musiciens y mélangent le funk et le krautrock, le disco-mutant avec des chœurs de hooligans et clament leurs amours pour le boxon et la fête. On peut aussi citer le post-punk, tant les accointances sont flagrantes avec des formations vintage comme Gang Of Four, The Rapture ou encore les excellents Nov3l et leur extension Crack Cloud, avec qui ils partagent la même pluridisciplinarité musicale.
La trame du groupe reste classique. On y entend une basse, une guitare, une batterie, un synthé et des percussions aidées d’un saxo, pour mieux servir une dance sous électrodes. Les cassures sont nombreuses mais Pottery retombe toujours sur ses moignons. Ça joue serré, il traînera toujours une conga ou une cloche pour rappeler que l’essentiel est la communion autant cérébrale que physique, telle une ode au punk-funk new-yorkais et mancunien.
Le chanteur Austin Boyland se permet un clin d’œil appuyé à David Byrne sur Hot Heater tandis que What’s A fashion rend un hommage désaxé aux Tom Tom Club, histoire de ne pas faire de jaloux. Il sait aussi, avec une certaine classe, s’approprier le costume de crooner pop, et partage la même désinvolture que David Loca du groupe Part Time. Bobby Forcast et Take Your Time magnifient le groove hybride et le terrible Texas Drums Part 1&2 fête le disco-rough. Mais surtout, les canadiens trompent leur monde avec deux titres pop qui les élèvent dans la division supérieure. Reflection et Hot Like Jungle sont impressionnants de maîtrise, côtoyant avec nonchalance un univers proche d‘Ariel Pink versus David Bowie et sont les véritables réussites de l’album qui laissent présager de bien belles choses à venir.
Marmillot Mathieu