Jean Rouaud a travaillé durant sept comme kiosquier avant de devenir écrivain. Il raconte cette période de sa vie dans un récit à la fois, tendre, drôle et nostalgique sur fond de Paris des années 80.
Sans doute peu de gens s’en souviennent, mais au moment d’obtenir le prestigieux prix Goncourt en 1990 pour son roman historique Les champs d’honneur, paru aux Editions de Minuit, Jean Rouaud, étais alors kiosquier à Paris. Un métier qu’il a exercé entre 1983 et 1990.
C’est de cette période là dont se souvient Jean Rouaud dans son dernier récit autobiographique. Sept années durant lesquelles l’écrivain a travaillé chaque jour au 101, rue de Flandre à Paris dans le 19e arrondissement. Dans ce récit ponctué de souvenirs et d’anecdotes, l’ancien kiosquier revient sur son enfance, évoque son arrivée à Paris et ses débuts dans le métier. Il dresse également le portrait d’une petite galerie de personnages hauts en couleurs qu’il a côtoyés durant ces années, lui qui passer ses journées à observer à discuter avec les gens de la rue, mais également à se cultiver, à lire la presse et les magazines dans son réduit sans chauffage ni toilettes.
Jean Rouaud se souvient de ses clients, de ces amateurs de revues cochonnes, de ces habitués qui venaient chaque jour et au kiosque comme on vient au bistrot, il se souvient également de la guerre en Yougoslavie, de l’affaire du Rainbow-Warrior, et de bon nombre d’événements qui se sont déroulées à cette époque et qu’il commentaient au fil des jours avec les uns et les autres, le matin comme le soir, en été comme en hiver, par tous les temps.
Un récit plein de nostalgie et dans lequel on plonge avec bonheur pour nous souvenir nous aussi d’un des années 80, d’une époque où le numérique n’existait pas, où le papier était roi et où les kiosques n’avaient pas encore commencé à disparaître les uns après les autres, ces « théâtre de marionnettes » qui étaient des endroits incontournables de la vie parisienne.
Un roman en forme de carte postale, celle d’une époque révolue, d’un quartier qui s’est beaucoup transformé… Un beau et agréable moment de littérature, à la fois léger et profond, qui nous est offert par un auteur au parcours atypique et toujours aussi attachant.