Triomphe des plus qu’excellents TH da Freak pour la troisième soirée Take Me (A)out sur la terrasse du Trabendo : TH et sa bande ont fait une nouvelle fois la preuve de leur talent, de leur classe et de leur… sens de l’humour !
Jouons le jeu !
Troisième soirée Take Me (A)out, et peut-être la plus excitante à date, vue la présence à l’affiche du phénomène TH da Freak. L’excitation est montée d’un cran, en dépit de la température caniculaire qui a fait de même.
A notre arrivée sur place, nous constatons que l’équipe du Supersonic a modifié la configuration de l’entrée sur la passerelle du Trabendo qui surplombe la scène : en effet, hier, cette passerelle a été constamment pleine d’un public qui, du coup, ne consommait ni boissons ni aliments sur le site. En en bloquant l’accès, on demande simplement aux gens qui ont envie d’écouter de la (bonne) musique, gratuitement qui plus est, de jouer le jeu en dépensant un peu d’argent pour soutenir ces événements.
« Fier d’être pauvre ! »
Il est déjà 20h05 quand la soirée démarre : un peu de retard à l’allumage ? Ajoutons quelques petits problèmes techniques avec une pédale d’effets du chanteur, et les Rouennais de Kumusta (« comment vas-tu ? » en tagalog ???) peuvent enfin nous offrir un set punk rock “by the book”, c’est-à-dire à la fois impeccable selon les canons du genre – un peu revisités façon Idles, quand même -, et largement frustrant : 25 minutes maximum de chaos pas réellement maîtrisé devant un public qui n’est pas vraiment d’humeur à pogoter…
Le chanteur en tenue de pompiste (pour faire court, car on devrait sans doute plutôt dire en combinaison d’ouvrier) n’a pas l’air content, ni même commode, vociférant ses messages politiques (« Fier d’être pauvre ! » pour introduire le cinglant Poor) : il enlève la barrière devant lui pour passer le set principalement dans le public, un beau geste révélateur de l’approche du groupe, mais ne qui parvient pas à allumer la flamme. Sur scène le bassiste blond torse nu est déchaîné, et fait le spectacle à lui tout seul, tandis que le guitariste – un peu sous-mixé à notre goût – joue dans les aigus.
Tout cela est loin d’être mauvais, et on imagine au contraire que cette rage devrait donner de bons résultats dans une salle appropriée et devant le bon public – ni relax, ni assommé par les quasi 40 degrés de la canicule parisienne… Le set se conclut par un joli chaos, qui gagnerait toutefois en force à un volume sonore plus conséquent. A leur sortie de scène, le groupe distribue quelques exemplaires de leur premier EP… Merci, on écoutera çà attentivement.
« What is the problem with me ? »
21 heures, la Terrasse du Trabendo est vraiment bien remplie ce soir, preuve de la renommée croissante de Thoineau, et c’est très bien comme ça. TH da Freak est accompagné de quatre musiciens (deux autres guitares, une basse et une batterie) qui vont s’avérer, dans les trop courtes trente-cinq minutes du set qui va suivre, un groupe absolument formidable. D’ailleurs TH présente l’un comme « Steve Vai » et l’autre comme « Dave Grohl » : on plaisante, on plaisante, mais TH da Freak est un p… de groupe de rock’n’roll, et non plus seulement un slacker bordelais aux idées cool et à l’inspiration délirante ! Et si les cheveux de TH sont bleus en ce moment, au lieu de leur fameux vert, on arrête rapidement de se préoccuper de son style capillaire pour profiter pleinement d’un set aussi créatif – quelles mélodies ! – qu’explosif (preuve en sera la version parfaite et puissante de Surrender !).
On attaque par un impeccable Peeling the Onion psychédélique et moelleux : « What is the problem with me ? » nous demande Thoineau, on est tous d’accord ce soir au Trabendo pour lui répondre qu’il n’y a vraiment aucun problème avec lui ! La preuve, les sept morceaux qui suivront ne feront preuve d’aucune faute de goût, pourvu qu’on apprécie l’imagination, la fantaisie et l’auto-dérision… Car ces mecs, indubitablement de musiciens sérieux, sont très drôles : la palme de la sympathie revient toutefois à Siz, le bassiste, qui arbore désormais une superbe paire de moustaches aux pointes soignées, et ne manque aucune occasion de nous faire sourire. Old Lady of the Blocks permet à TH da Freak de sonner heavy – à trois guitaristes, ça le fait ! – tout en alternant chœurs aériens et sucrés et solo de guitare abrasif. Du nanan !
A noter un petit break jazzy amusant pendant le remplacement d’un câble défectueux, qui là encore, prouve l’admirable capacité “tout-terrain” du groupe… et leur approche décontractée de la musique.
« Ça sent le poisson ! »
Mars Attacks ressemble à du Ariel Pink avec de meilleures mélodies, et c’est un compliment : on a tous envie de chanter avec TH ! On nous présente un robuste nouveau morceau, qui figurera peut-être sur le prochain album, avant de monter en pression avec une version bien grunge de Hospital, puis un superbe Surrender, où le groupe se fait vraiment violent, sommet d’excitation du concert.
On frappe tous dans les mains sur l’introduction de I don’t understand, qui sera la trop rapide conclusion du set : Siz nous fait son Katerine et nous garantit que c’est cool d’être ringards (« On s’en bat les couilles d’être ringards ! »). « Ça sent le poisson ! », rappe TH ! Et en effet, de l’un des food trucks se dégage une indiscutable odeur de cuisson. Et voilà cette phrase intégrée dans la chanson : « I’m anxious to tell you my stuff / That’s why I make songs and I puff / I kill your lovers in my dreams / Hey hey it seems that / I don’t understand », ou comment faire du mal-être existentiel un argument de fête. « Ça sent le poisson, I don’t understand ! ».
Douce nuit…
Mais pourquoi est-ce que c’est déjà fini ? Ah non, ce n’est pas fini, Siz reste sur scène nous chanter une version plutôt strange de Douce nuit, conclusion drôle et finalement touchante d’un concert hors du commun, balancé avec un mélange précieux de classe folle et de (fausse) négligence par un groupe qui, reconnaissons-le, n’est pas loin de ce qui peut se faire de mieux en ce moment dans un hexagone confiné / déconfiné / reconfiné.
Le public est aux anges, il ne reste plus à chacun d’entre nous qu’à disséminer la bonne parole, et à poser aux absents la question inévitable : « Mais qu’aviez-vous donc de mieux à faire ce samedi soir que d’assister au concert de TH da Freak ? ».
Pour la troisième fois de la semaine, un immense merci à l’équipe du Supersonic !
Texte et photos : Eric Debarnot
Les musiciens de Kumusta sur scène :
Clément Dubuc – chant
Mehdi Belmezioud – guitare
Alix Cauchois – basse
Louis Bellanger – batterie
Les musiciens de TH da Freak sur scène :
Thoineau (chant lead, guitare)
Siz (basse)
Benjamin (guitare, synthé)
Rémi (guitare)
Quentin (batterie)
La setlist du concert de TH da Freak :
Peeling the Onion (Freakenstein – 2019)
Wanking class (The Hood – 2018)
Old ladies of the blocks (The Hood – 2018)
Mars Attacks!! (Freakenstein – 2019)
Killing Bleach
Hospital (Freakenstein – 2019)
Surrender (Freakenstein – 2019)
I don’t understand (The Hood – 2018)