Sur fond de montée du nazisme, le commissaire Rath et son assistante Charlotte tentent de démasquer le fantôme des studios de Babelsberg dans une nouvelle saison de Babylon Berlin aussi rythmée et passionnante que les deux précédentes.
Si l’image de la série allemande a longtemps souffert de son côté vieillot et plan-plan, la faute en grande partie à l’Inspecteur Derrick, avec Babylon Berlin, Deutschland 83 ou Dark, les choses évoluent dans le bon sens depuis quelques années au pays de Fassbinder, premier réalisateur de cinéma allemand à être passé au petit écran en 1980 avec la série Berlin Alexanderplatz.
Babylon Berlin nous plonge dans le Berlin des années 20, juste avant la montée du nazisme, pour nous raconter les enquêtes du commissaire Gereon Rath (l’excellent Volker Bruch), petit bonhomme aux grands yeux tourmentés, dont le passé sur les champs de bataille la guerre 14-18 le hantent sans cesse. Une série dont les deux premiers volets sont adaptés du roman Le Poisson mouillé de l’écrivain allemand Volker Kutscher. La 3e saison quant à elle est inspirée par un autre roman de cet écrivain, La morte muette sans que ça ne perturbe le fil narratif entre les saisons 2 et 3.
Dans cette production haut de gamme qui rivalise largement avec ce que peuvent nous proposer les télés / plateformes anglaises ou américaines, on navigue, dans un scénario très dense, très rythmé, aux multiples péripéties – digne par moment des aventures de Tintin – avec à chaque fois plusieurs niveaux de récit, plusieurs intrigues qui s’entremêlent, se rejoignent, ou pas, mais qui apportent en permanence son lot de suspense, d’action de rebondissements. Bref, du vrai feuilleton, à l’ancienne, avec en plus, une dimension politique et historique non négligeable qui renforce encore plus l’intérêt de cette série.
Dans la saison 3, le commissaire et son assistante Charlotte Ritter (incarnée par la pétillante Liv Lisa Fries) enquêtent sur un mystérieux fantôme qui hante les studios de Babelsberg et qui assassinent une à une les actrices devant incarner le rôle principal d’un film. Parallèlement, nos deux enquêteurs doivent sauver la tête de la jeune Greta Overbeck (Leonie Benesch), condamnée à mort pour l’assassinat de son patron dans la saison précédente. On suit également la vie de couple compliquée du commissaire dont la compagne a trouvé refuge auprès de l’effrayant Alfred Nyssen (Lars Eidinger), pendant que Rath se rapproche un peu plus chaque jour de sa jeune et désirable adjointe… tout ça sur fond de montée du nazisme, de crise économique (on est juste après le crack boursier de 1929) et de chaudes nuits dans les cabarets berlinois où notre commissaire aime aller de perdre pour soulager son âme oublier la noirceur du Monde.
Un programme bien fourni pour cette saison 3 extrêmement riche dans les thématiques qu’elle aborde et dans la manière qu’elle a de dépeindre, avec et mélange d’onirisme et de naturalisme, cette société allemande des années 20 qui, quelque années plus tard, va remettre son destin entre les mains d’Hitler. D’ailleurs les prémices de l’arrivée 3e Reich sont clairement affichés dans la série, avec notamment le fils de Gereon Rath qui se fait embrigader dans les jeunesses hitlériennes et découvre le livre Mein Kampf.
Tout ça est superbement filmé et mis en scène dans des décors haut de gamme qui font de Babylon Berlin l’une des séries les plus réussies et excitantes de ces dernières années.
Beoit RICHARD