Après un début en fanfare puis quelques albums d’errance, The Warlocks sont de retour à leur meilleur niveau avec The Chain, leur dixième album studio, un album psyché mélancolique parfaitement réussi.
On avait laissé The Warlocks sur deux albums studios parus déjà chez Cleopatra pas franchement convaincants – Songs From a Pale Eclipse (2016) et Mean Machine Music (2019). Et voilà qu’en Avril 2020, le groupe de Bobby Hecksher revient à son meilleur niveau avec The Chain.
Pourtant ce n’était pas gagné. Dans un interview pour le site It’s Psychedelic Baby Magazine Bobby Hecksher avait avoué que, après les deux derniers albums, il ne savait plus trop quoi faire du groupe. Que ce qui lui restait de “decent” avait été utilisé pour Songs From a Pale Eclipse. Que Mean Machine Music était une expérience ratée. Qu’ils avaient enregistré The Chain en 15 jours, sans répétitions – “there was NO rehearsal at all. I was just really prepared and had all my music and shit together. I taught them the songs and in about 20 minutes per song it was done, just like that.” Et qu’il avait plus ou moins récupéré des vieux morceaux pour les coller dans le track-list entre les deux morceaux qui ouvrent – “Dead Son” – et ferment – “I’m Not Good Enough / Party Like We Used To” – l’album. Bon … un après-après-dernier disque en forme de collage après le dernier qu’était Songs et le après-dernier qu’était Mean Machine. Finalement, ce n’est pas le cas. Comme souvent, des rencontres opportunes changent tout.
The Chain raconte une histoire, celle de Rocky et Diamond un couple de loosers – maudits par le système – qui s’empêtre dans un braquage. On y retrouve tout ce qui avait fait The Warlocks. L’ambiance sombre, mélancolique, presque triste ou même dépressive, qui est parfaitement rendue par les mélodies lentes et la voix traînante d’un Bobby Hecksher qui porte la croix de son couple de héros de morceau en morceau – pendant ce temps Bobby et Marianne et baby DC sourient sur les réseaux sociaux ! D’un ton égal, monocorde – comme s’il avait voulu raconter cette histoire sans émotion – Bobby Hecksher chante ses chansons tristes sur un fond de claviers, assez présents, et de guitares psychédéliques, parfois distordues ou quelquefois acoustiques. Cela donne des morceaux assez tendus – l’instrumental You Stooge You ou Sucking Your Soul Like A Son Of A Bitch, qui vous tapent sur la tête à coup de couches de guitares et de drumbeats – ou plus calmes, mais rarement apaisés – comme I’m not Good Enough ou Have Mercy on Me, ou Dear Son, une lamentation illuminée par la guitare de John Christian Rees – et toujours hypnotiques.
A noter, pour terminer, l’artwork, l’oeuvre de BH lui-même et qui rappelle les plus réussies du groupe comme The Mirror Explodes ou Surgery – après des trucs pas fameux, faut bien le dire.
Alain Marciano