Contre toute attente, La Pastèque publie la suite de Calfboy, un titre qui nous avait surpris par son originalité graphique. Malheureusement, ce follow-up peine à convaincre…
Voici donc le deuxième volet des aventures de ces deux cowboys improbables sur leur canasson… Cette fois, Chris est déterminé à reprendre les recherches pour retrouver le butin que son frère Burt a enterré, un soir de beuverie, sans se souvenir précisément de l’endroit… Comme on peut s’en douter, un album qui nous réserve son lot de loufoqueries et de rebondissements…
Une suite à Calfboy ? Etait-ce bien raisonnable ? Contre toute attente, La Pastèque a accordé à son auteur, Rémi Farnos, l’opportunité de faire vivre ses personnages Burt et Chris dans une seconde aventure.
On appréciera toujours la mise en page originale, qui est clairement le point fort de Calfboy. Cette façon très ludique de découper un paysage en gaufrier et d’y faire évoluer les personnages est devenue ici une véritable marque de fabrique, quand bien même elle est utilisée avec parcimonie. Le trait simple et rond de Rémi Farnos est toujours plaisant, malgré le peu d’intérêt accordé aux personnages, toujours filiformes, en mode « patte de mouches », ne faisant jamais l’objet de plans serrés. Et après tout, leur psychologie passe au second plan derrière la physionomie humoristique de l’objet. Psychologie plus que simpliste, puisqu’elle se résume pour les deux frères gangsters à 50 % de crétinisme et 50 % d’alcoolisme.
Si l’on avait été amusé dans la première partie, fallait-il nécessairement prolonger les élucubrations de nos deux héros bancals, a fortiori quand l’effet de surprise concernant l’originalité de la mise en page est passé ? Sur le plan du scénario, Calfboy 2 n’apporte pas grand-chose par rapport au premier volet, et au final, on a un peu l’impression de lire la même histoire, sans que les gags et l’humour, décalés mais quelque peu répétitifs, ne soient si convaincants. C’est un peu regrettable, parce que Remi Farnos possède un vrai potentiel créatif (j’ai eu l’occasion de le dire lors de la critique du premier volet), mais malheureusement il n’a pas su vraiment nous surprendre ici. Cette suite ne nous permet même pas de nous attacher aux personnages, y compris les deux protagonistes principaux (les deux frères Chris et Burt) qui semblent interchangeables. Ce manque de différenciation tient en grande partie à la représentation ultra-minimaliste des visages.
On peut comprendre en fin d’ouvrage — cela est indiqué clairement cette fois — qu’un troisième tome est en vue. Tant mieux pour Farnos, mais s’il s’agit de la conclusion d’une trilogie, on ose espérer que l’auteur redressera la barre, pour nous faire quelque chose de plus punchy, afin que ces « calfboys » ne finissent pas assassinés par leur propre ombre…
Laurent Proudhon