Aidan Knight fait partie de ces songwriters dont l’atmosphère générale peut s’apparenter à une formule : mélange de racines folk, facilité pop, et ambiances vaporeuses.Tous n’ont pas, et c’est bien dommage, l’efficacité soyeuse du Canadien dont le 4e album témoignage d’une montée progressive dans les gammes de la réussite.
Ailleurs, et souvent, la simplicité revendiquée comme élément fondateur du son de l’artiste, masque en fait une forme d’esthétique musicale famélique, planquée sous l’artifice d’une voix qui sort de l’ordinaire, ou d’un jeu de guitare reconnaissable entre 10 autres.
Pas d’erreur chez Knight qui revient en cette fin de mois d’août avec un quatrième album. Comme Elliot Smith (l’exemple le plus ancien que je puisse trouver en figure thuriféraire de ce type de son), comme Sophia, comme Damien Jurado, comme Andrew Bird, Bon Iver ou plus proche de nous comme Syd Matters… Le Canadien cultive une musique où le binôme guitare voix tient une place prépondérante, où la langueur de la nostalgie semble planer sur un disque mid tempo. Mais comme les auteurs que je cite en références un peu bancales, dans la mesure où chacun d’eux s’est créé un univers particulier, Aidan Knight ne se laisse pas lui non plus enfermer dans un schéma folk.
La grande force de ses onze titres d’un disque éponyme, tient dans l’atmosphère générale que l’auteur impulse à l’ensemble. Au delà de la voix en demi teinte, ou de ce murmure voisé qu’on imagine penché sur la guitare, racontant ses rêves, ses souvenirs, ses peines, l’album est d’une orfèvrerie impeccable quand il s’agit d’habiller le squelette musical. Il y a des cordes subtiles, des claviers qui prennent le rôle de gimmick, une électrification régulière de la guitare usant de pédales d’effets… Autant d’artifices ici indispensables dont certains, ailleurs, feraient des chansons d’amour. Autant d’idées artistiques qui élargissent l’univers d’Aidan Knight de la folk vers la pop ou le rock, de luxueuse façon.
Le son de l’album est d’une pureté impressionnante. Dire d’un disque qu’il est joli et charmant est en général un synonyme de chiant. Non ici, le son est vraiment beau et charmeur. Et c’est une force. Chaque instrument est ciselé dans le mix. Et est d’une pureté qui sert le duo voix guitare central. J’en viens à maudire le MP3 qui me sert de support d’écoute, qui a la fâcheuse tendance à faire coller les basses…
L’ensemble se déguste en “chillant” (on dit encore ça?), une soirée à regarder le soleil couchant; tout en profitant, -parce que oui il faut en profiter -, de ce que nous sommes tous forcés par un virus angoissant, à l’instar du Candide de Voltaire, de cultiver notre jardin intérieur. Une soirée OKLM pour goûter avec Aidan Knight à quelques 11 titres d’introspection: une touchante réussite.
Denis Verloes