Après La Promesse de l’aube de Romain Gary en 2017, Eric Barbier signe une nouvelle adaptation réussie, celle du roman bouleversant de Gaël Faye, Petit Pays, qui évoque le génocide au Rwanda.
Annoncé au cinéma juste avant le confinement, l’adaptation du prix Goncourt des lycéens 2016, Petit pays, le roman de Gaël Faye sort enfin en salle. Le film raconte l’enfance de Gabriel (double de Gaël Faye) au Burundi au moment du génocide Rwandais, en 1993, avant que ce dernier ne quitte le Burundi pour rejoindre la France en 1995.
Aux commandes du film on retrouve Éric Barbier qui s’était déjà occupé de la transcription à l’écran du livre La promesse de l’aube de Romain Gary en 2017. L’adaptation d’un roman à succès – projet toujours très casse-gueule s’il en est, réussit plutôt bien à Éric Barbier. Et si l’on se place uniquement du point de vue du film, on peut dire que c’est même une jolie réussite.
Le récit, raconté à travers les yeux du petit Gabriel, né d’un père français et d’une mère rwandaise, résume de manière très claire l’ambiance et la situation politique à cette époque (1993-1994) dans ce coin d’Afrique miné par la haine ethnique et qui va déboucher sur le bain de sang que l’on connaît.
On ressent beaucoup d’authenticité et de justesse dans la mise en scène d’Éric Barbier qui filme assez brillamment ce pays de montagne verdoyant à terre ocre mais aussi ses personnages la plupart attachants dans des situations suffisamment parlantes et sans équivoque, racontant parfaitement la situation telle qu’elle est vécue et ressentie par le jeune garçon (Djibril Vancoppenolle) et ses proches.
Jean-Paul Rouve tient, quant à lui, sans doute l’un de ses meilleurs rôles, interprétant un personnage complexe et ambivalent, un entrepreneur pris entre une vie de famille compliquée et son boulot, et qui ne comprend pas le souhait de sa femme (Isabelle Kabano), rwandaise d’origine et vivant au Burundi, qui veut quitter un pays où elle ne se sent ni chez elle ni en sécurité.
Éric Barbier filme les scènes dans la maison familiale et le rapport entre les colons blancs les autochtones avec beaucoup de justesse et de précision, sans jamais perdre de vue la situation politique et les moment clés qui ont plongé ce pays dans la barbarie.
Le film trouve un juste équilibre entre les moments de tendresse et d’innocence et les scène de violence et de drame, dégageant au final beaucoup d’énergie, de simplicité et de clarté pour raconter l’histoire de cette famille détruite par le génocide rwandais.
Benoit RICHARD