Avec leur 16e album, American Head, les Flaming Lips nous plongent dans les souvenirs de Wayne Coyne tout au long 13 titres aussi somptueux que maîtrisés, entre nostalgie et romantisme.
Peu de groupes peuvent se targuer, après une aussi longue carrière, d’avoir accumulé autant d’albums passionnants que ceux composés par les Flaming Lips depuis 30 ans. Si, comme la majorité des formations qui durent, la bande à Wayne Coyne a connu des hauts et des bas, toutefois, en faisant un rapide état des lieux de leur discographie on se rendra vite compte que celle-ci est parsemée de quelques merveilles indépassables parues notamment au cours des années 2000. Et même durant leur période creuse, et ils ont su toujours attiser la curiosité avec des projets à haut risque comme ces deux albums de reprises assez osés que sont Flaming Side Of The Moon (2009) inspiré par le classique de Pink Floyd puis With A Little Help From My Fwends, avec ses reprises du Sergent Pepper… des Beatles en 2014.
Quant à leur dernier album en date, King’s Mouth, imaginé comme un conte pour enfants, il remettait le groupe au centre du village psychédélique, laissant à penser que nos américains étaient loin d’avoir encore tout dit.
Une intuition confirmée avec American Head, nouvelle petite merveille de Pop Rock psychédélique enregistrée en compagnie du fidèle producteur Dave Fridmann, un disque apaisé comme jamais, à l’accent americana qui nous plonge dans la mémoire de Wayne Coyne pour évoquer entre autres choses la perte de l’innocence (Assassins of Youth).
Mais ce qui frappe le plus c’est l’aspect Pop classique du disque. Ici, très peu de gimmicks psychédéliques et de touches expérimentales marquées, place est faite aux belles et franches mélodies dans des chansons amples et lentes qui vous ouvrent tout grand leurs bras pour vous envelopper dans des arrangements somptueux comme sur le bouleversant Flowers Of Neptune 6.
Comme toujours, on serait tenté d’évoquer une légère forme de grandiloquence chez les Flaming Lips mais ce serait leur faire un procès bien injuste car on ne décèlera aucune mièvrerie, aucune émotion facile dans ces treize chansons qui respirent la sincérité de bout en bout.
Avec une touche de romantisme bienvenue sur bon nombre de titres et avec toujours cette envie d’aller mettre un peu de sonorités vintage bizarroïdes dans ses compositions, le groupe fait rimer avec grâce classicisme pop et aventure sonore tout au long du disque, à l’image par exemple du génial When We Die When We’re High.
American Head sera à ranger parmi les plus belles réussites des Flaming Lips qui se montrent finalement aussi à l’aise dans le registre du rock psychédélique baroque que dans celui de la Pop avec cette suite de ballades lumineuses et mélancoliques à tomber par terre.
Benoit RICHARD