Fred Pallem, musicien avec son groupe Le sacre du Tympan, auteur de nombreux albums liés à la musique de film des années 60 et 70, viendra de temps en temps nous parler de quelques disques coup de coeur anciens ou récents. Aujourd’hui il est question de la réédition des BO de Serpico (1973) et Windows Of The Mind (1974).
Pour mes premières chroniques sur Benzine, j’ai choisi deux magnifiques ré-éditions en vinyle de l’excellent label We Want Sounds.
J’écoute assez peu de musiques récentes, non pas qu’il n’y ait pas de bonnes choses aujourd’hui, mais, je préfère toujours commencer à écouter ce que j’ai loupé au niveau des grands classiques du passé tous styles confondus. La base quoi. Voici donc deux enregistrements issus d’une même période, 1973 (Mikis Theodorakias, Serpico OST) et 1974 (Billy Brooks, Windows Of The Mind OST).
C’est une époque charnière pour la musique. Les instruments électriques, guitare, claviers et surtout la guitare basse sont partout. Utilisés au départ dans le rock, le blues, le funk, ces instruments boudés par les musiciens professionnels au départ, se retrouvent dorénavant dans le jazz ou les musiques de films. L’un utilisait majoritairement la contrebasse acoustique, l’autre les grands orchestres symphoniques. Rien d’électrique donc, à quelques rares exceptions. L’arrivée de ces instruments va changer totalement le son de toutes les musiques populaires. Tout va se mettre à danser, à grrrrooouuuver, les compositeurs pour le cinéma vont devoir s’y mettre pour rester dans le coup, pareil pour les jazzmen. Pourquoi de nos jours les disques de cette époque nous attirent-ils tant ? A cause de leur son principalement, ce son analogique, chaud et rassurant, tant recherché, et notamment le son de la basse et de la batterie. Tous les DJ et producteurs de hip hop ne s’y sont pas trompés en samplant à tout va. L’album rare de Billy Brooks groove à mort, avec le bassiste Larry Gales et le batteur Clarence Johnston, et c’est principalement là qu’est la force de cet album, les thématiques restant très simples, parfois même un peu simplistes. Hé oui les enfants, on n’est pas chez Lee Morgan ou Wayne Shorter. On retiendra surtout le très sexy Fourty Days samplé par A Tribe Called Quest.
Pour la B.O. de Theodorakis, on a aussi de très beaux moments de groove également comme l’incroyable On The Streets, ou le surprenant Flashback qui superpose deux ambiances, mélancolique et tension. Seul “hic” sur cette bande originale, le thème principal apparemment emprunté à Puccini, pour le côté “rital” de Serpico sans doute, où Theodorakis, veut à tout prix faire du Zorba Le Grec en doublant la mélodie avec des bouzoukis, alors que le film n’a rien a voir avec le sirtaki. Ma BO préférée du compositeur grec reste tout de même “Z” de Costa Gavras, où là, il utilise de manière extrêmement originale les instruments traditionnels de sa culture en détournant leur rôle.
Deux albums qui ne sont pas des chefs-d’œuvre mais, qui raviront tout de même les « diggers » assoiffés de groove, toujours à la recherche du titre qui tue. Et là, il y en a une poignée.
Fred Pallem
MIKIS THEODORAKIS – Serpico
25/09/2020 – (WeWantSounds / Modulor)
BILLY BROOKS – Serpico
11/09/2020 – (WeWantSounds / Modulor)