Il est toujours très difficile d’écouter de la musique Live, et ça ne va sans doute pas s’arranger, mais hier soir, Jewly nous a rappelé à tous un certains nombre de choses essentielles sur le Rock et son rôle…
Des choses importantes à exprimer…
Quelqu’un disait récemment que, vu l’impossibilité de gagner désormais de l’argent grâce à la musique – au Rock tout au moins, que de moins en moins de gens écoutent -, ce serait les artistes qui ont le plus de choses importantes à dire ou à exprimer qui continueraient… Et qu’on pouvait donc prendre ça pour un effet bénéfique de notre “nouveau monde”. Même si cela ne paraît pas complètement convaincant, ou au moins si c’est assez triste, impossible de ne pas penser à la “nécessité impérieuse” de faire de la musique quand on écoute “Toxic” de Jewly, concept-album où la chanteuse strasbourgeoise raconte une vie de femme marquée par des rencontres difficiles, douloureuses, de son enfance à l’âge adulte. Sa vie ? Bien sûr, rien n’est jamais aussi simple… Mais c’était pour nous une évidence d’aller écouter Jewly chanter, en chair et en os, à son showcase de lancement – différé pour les raisons que tout le monde connaît – de l’album. Surtout quand ce showcase, qui s’avérera un véritable concert de 1h40, se déroule dans un endroit aussi accueillant que la péniche Antipode, sur le Bassin de la Villette…
La VOIX…
Configuration assise et masques obligatoires, mais quand même l’ambiance d’un vrai concert de Rock quand Jewly et sa bande – des musiciens, originaires de Nancy, qui forment son groupe de scène permanent, et qui sont différents de ceux qui ont joué sur l’album – lancent leur set vers 20h45. Le groupe est un trio guitare – basse – batterie très compact, très cohérent, qui soutient la chanteuse avec assurance, mais également avec un réel talent. On remarquera particulièrement les belles lignes de basse de Seb, tatoué charismatique à la forte présence scénique, mais l’ensemble de la musique jouée ce soir tient vraiment bien la route. Le bon état d’esprit régnant clairement sur scène prouve qu’on n’a pas affaire à de simples accompagnateurs d’une belle voix…
… Car, évidemment, c’est la VOIX de Jewly qui a attiré le public ce soir – le showcase est sold out -, une voix à la fois classique dans le blues ou la soul – Janis Joplin ? – et singulière, qui séduit immédiatement… sans jamais tomber dans la démonstration comme c’est le cas de tant de chanteuses “populaires”. Un chant réussissant à être élégant et captivant, et qui va faire que le set passera comme un rêve, sans passage à vide, sans moment inutile. Certes, toutes les compositions de “Toxic” ne sont pas passionnantes, puisqu’il s’agit là quand même d’un album, redisons-le, qui “raconte” une vie, et “réfléchit” sur la manière dont on peut se construire positivement en dépit d’expériences difficiles, et non d’une simple collection de chansons visant avant tout l’efficacité au premier degré. Mais, peut-être parce que l’album est joué dans sa quasi-intégralité et dans l’ordre, et en dépit de l’absence de vrais temps forts dans la première partie du set, Jewly nous maintient tous en permanence “accrochés” à son chant, à sa voix. Et ça, ce n’est vraiment pas commun !
Talons hauts…
Et puis, à partir d’un Ready To accrocheur, quelque chose se cristallise, sans doute grâce à des titres plus offensifs dans leur forme. On remarque quand même que Jewly a régulièrement du mal à bouger avec ses talons hauts, qui semblent la limiter dans ses mouvements et son expression physique. Oserions-nous lui suggérer d’alléger son look sexy / femme fatale, finalement inutile au regard de sa présence physique naturelle qui ne nécessite aucun artifice supplémentaire, et de faire son show pieds nus et en jeans ? Oui, nous osons !
Face and Change détonne un peu avec ses vocaux en français, moins harmonieux que les textes en anglais. The Stupid Game of, heavy blues fluide et sensuel, confirme son excellence et son statut de single, avec une superbe intervention à la guitare de JC… même si l’on regrette que le titre n’explose jamais : un final plus intense aurait quand même fait un bel effet. Toxicity clôt le set avec un joli fond électro sur lequel nous chantons tous en chœur « Toxic / Non-Toxic » dans un moment ludique, pas si évident que ça alors qu’on doit tous rester assis et dissimulés derrière nos masques.
Comme personne n’a envie de partir, nous avons même droit à un rappel, Kim, extrait du précédent album, “Drugstore”, blues rock traditionnel sur lequel la voix de Jewly fait, forcément, des merveilles.
On se quitte sur une photo de groupe où on essaie tous de sourire malgré les masques, incertains que nous sommes quant à ce que demain nous réserve. Tous heureux quand même d’avoir pu être ensemble à jouer ou écouter de la musique qui parle avec sérieux, sensibilité et empathie de NOUS. Du VRAI ROCK, en fait.
Merci à Jewly pour cette soirée qui aurait pu être seulement noyée dans la pluie qui tombait sur Paris, mais qui a fait renaître en nous des émotions étouffées depuis des mois.
Texte et photos : Eric Debarnot
Les musiciens de Jewly sur scène :
Jewly – Chant
Raph Schuler – Batterie
Seb Bara – Guitare
JC Bauer – Basse
La setlist du concert de Jewly :
I Just Need To (Toxic – 2020)
Listen To Myself (Toxic – 2020)
Melody (Drugstore – 2017)
I Am Strong Enough (Toxic – 2020)
Ready To (Toxic – 2020)
Purify (Toxic – 2020)
The Other Side Bang Bang Bang
Face And Change (Toxic – 2020)
The Stupid Game Of (Toxic – 2020)
Survivor
Toxicity (Toxic – 2020)
Encore :
Kim (Drugstore – 2017)