Une femme remariée invite son ex-mari à partager les derniers soins à apporter au chat qu’ils avaient adopté il y a quelques années. Le trio organise sa vie autour du chat agonisant, mais résistera-t-il à la mort de celui-ci ?
Le chat qui venait du ciel (Takashi Hiraide), Nosaka aime les chats (Akiyuki Nosaka), Mes chats écrivent des haïkus (Minami Shimbô)… pour ne citer que des livres que j’ai lus récemment, Ils sont nombreux les auteurs japonais à écrire sur, ou à propos, des chats. Le chat est une animal domestique qui occupe une place centrale dans les familles japonaises, il est normal qu’il perturbe souvent l’écrivain en gambadant sur ses pages de cahiers ou sur son clavier. Kosuke Mukai raconte l’histoire de Son, un chat récupéré par Renko et le narrateur, Hayakawa, son ex-compagnon, quand ils vivaient encore en couple. Désormais, ils sont séparés et Renko a épousé Myata.
Son chat devient vieux, sa santé vacille et Renko voudrait partager la fin de vie du chat avec son ex-compagnon, ils l’ont récupéré et élevé ensemble, elle pense donc qu’ils peuvent s’organiser pour lui apporter les derniers soins en se répartissant les visites chez le vétérinaire et les soins à domicile. Le mari de Renko voit cet arrangement d’un mauvais œil, il pense que sa femme cherche à profiter de l’occasion pour raviver son ancienne relation avec Hayakawa. Mais, progressivement, le trio s’installe dans une sorte de routine pour qu’il y ait toujours une personne à la maison pour surveiller le chat, comme si celui-ci avait réuni ce trio autour de lui dans un même objectif et dans la même affection.
Kosuke Mukai installe le chat comme régulateur des querelles qui pourraient surgir ou resurgir entre les membres du trio : Renko et Hayakawa se sont séparés sans motif tangible, un malentendu plus qu’un différend, le couple Renko – Myata s’use peu à peu, les deux hommes ne s’aiment pas beaucoup, ils se sentent un peu rivaux. Mais, l’obligation de soigner le chat et l’affection qu’ils lui portent les obligent à trouver un modus vivendi acceptable pour chacun.
La morale de ce livre serait que lorsque qu’on a un but commun et une obligation d‘atteindre un objectif collectif, il est possible de construire une cohabitation possible pour tous. Mais, le chat n’est pas éternel, malgré leurs soins attentifs, il mourra un jour prochain et les trois membres du trio se retrouveront comme avant, avec leur problème et sans le chat pour les obliger à s’entendre pour le soigner. Une invitation à la réflexion avant qu’une contrainte l’impose !
Et peut-être aussi une démonstration de l’importance d’un animal domestique pour réguler les relations entre les humains bien peu tolérants.
Denis Billamboz