On n’attend plus forcément grand-chose du cinéma caricatural d’Olivier Marchal, et pourtant on a tenu à regarder Bronx, son dernier film co-produit par Netflix. Verdict : rien de nouveau sous le beau soleil marseillais !
La bande annonce présentée par Netflix pour le dernier film d’Olivier Marchal, Bronx (Rogue City en version internationale !), ne fait franchement pas envie : entre démonstration de machisme bas du front – une caractéristique il est vrai indiscutable du cinéma de Marchal – et scènes d’action louchant du côté d’Hollywood, le premier réflexe du cinéphile est de passer très vite son chemin. La réalité de Bronx est, évidemment (?) toute autre, et le film, avec finalement très peu de fusillades à l’arme lourde – elles sont toutes dans la bande annonce – va poursuivre dans la veine très noire habituelle au réalisateur, et privilégier une multiplication complexe des conflits – professionnels si l’on ose dire, mais aussi personnels, avec pas mal de couples et de familles sous pression – aux dépends du spectacle. Ce qui, évidemment, est une bonne chose… même si, très vite, on réalise que Bronx va souffrir d’autres défauts que ceux prévus…
Mais revenons un peu en arrière : le cadre de l’histoire est notre bonne ville de Marseille, particulièrement belle et lumineuse sous la caméra de Marchal, qui choisit intelligemment de noyer les drames sordides qu’il affectionne – et multiplie – dans le soleil de la Méditerranée. Entre bandes mafieuses adverses qui s’affrontent autour de divers trafics illégaux, comme c’est semble-t-il le cas depuis la nuit des temps dans la cité phocéenne, et autres bandes de flics englués dans des problèmes de hiérarchie, de corruption, et de cœur, les interactions sont multiples, périlleuses, puis sanglantes.
Il y a de la tragédie en filigrane derrière ces trahisons en cascade, ces liaisons adultères multiples, ces enfants déçus, voire massacrés par leurs pères, ces grands amours qui finissent asphyxiés avec un oreiller sur la bouche, et surtout dans la complexité de l’enchevêtrement de ces destins condamnés au pire. Le problème est que, avec un scénario aussi filandreux, confus quand il devrait être tranchant, pour transcender la violence générale, mais aussi la cupidité et la bêtise de la plupart des personnages, il faudrait un grand réalisateur et une paire de très bons acteurs : Olivier Marchal n’est pas James Gray, il n’en a ni le talent ni même l’intelligence, et ses acteurs sont visiblement la plupart du temps en roue libre, entre cabotinage déplacé et sobriété maladroite.
Bronx est un film qui nous divertit, parce que ses enjeux, pour irréalistes qu’ils soient, ne manquent pas de panache, mais ce n’est ni un film qui nous dit quoi que ce soit sur Marseille, la vraie, ses flics ripoux et ses truands corses ou arabes au sang bouillant et à l’honneur chatouilleux, ni même un film qui nous montre quoi que ce soit de consistant sur la nature humaine : car, comme toujours, pour Olivier Marchal, les hommes, les vrais, sont définis par la taille de leur appareil génital, alors que les femmes sont « bonnes », « chaudes », ou sinon alcooliques et névrosées. C’est certes amusant, mais un peu court.
Le pire reste quand même la décision étrange du scénario de nous faire un final à la Godfather, sans qu’on comprenne réellement – ni qu’on croit une seconde – à cette conclusion nihiliste à peu près inexplicable. On était prêt à excuser pas mal de choses dans ce Bronx jusqu’à cette curieuse manière de ridiculiser in extremis, sans doute juste histoire de rajouter une bonne dose de noirceur ultime, la construction qui avait précédé.
Heureusement que Marseille, c’est bien plus beau que le Bronx !
Eric Debarnot