Angus Young citait dernièrement Churchill en interview : « Lorsque vous traversez l’enfer, ne vous arrêtez pas, continuez de marcher… ». Il est vrai que, suite à un Rock or Bust plutôt décevant, ainsi qu’aux péripéties survenues au cours de ces 5 dernières années, AC/DC avait du plomb dans l’aile. Pourtant avec Power Up, les dinosaures du rock semblent bien renaître de leurs cendres.
Une certaine lassitude était palpable lors des sorties de Black Ice et de Rock or Bust, respectivement parus en 2008 et 2014. Depuis leur dernière tournée mondiale, le groupe a traversé une série d’épisodes dramatiques qui auraient pu être signe de leur déclin : déboires judiciaires de Phil Rudd, décès de Malcolm Young en novembre 2017, puis soucis d’audition de Brian Johnson, ayant nécessité le remplacement au chant en urgence par… Axl Rose, afin de ne pas compromettre la suite de la tournée mondiale en 2016.
La question légitime est : « Faut-il encore attendre quelque chose d’AC/DC ? ». Les plus puristes affirmeront qu’AC/DC fut un groupe éphémère, et qu’il fallait tourner la page au moment du décès de Bon Scott en 1980. Les plus aigris n’hésiteront pas à se plaindre que chaque nouvel album n’est qu’une pâle copie répétitive des albums précédemment parus. Power Up ne déroge pas à la règle : l’écriture minimaliste à laquelle AC/DC nous a habitué depuis 1973 est omniprésente tout au long des 12 titres, et c’est peut-être bien cela qui en fait le charme.
On ne change pas une recette qui gagne, et nous retrouvons ici les ingrédients qui ont bâti le succès d’AC/DC : riffs sur amplis Marshall poussés à saturation, rythmiques en 4/4, refrains endiablés et solos effrénés. Un point est indéniable : malgré les années, Angus Young n’est jamais à court d’inspiration pour créer de nouveaux gimmicks de guitare. Realize, Kick You When You’re Down ou No Man’s Land pourraient bien pousser les nouvelles générations à troquer leur smartphone contre une guitare électrique.
Shot in the Dark ou Wild Reputation, du blues sous stéroïdes flirtant avec le Hard-Rock, convaincront allègrement les fans de la première heure tout comme le commun des mortels ayant a minima une certaine appétence envers la musique Rock. Soulignons toutefois le clin d’œil très explicite de Demon Fire et Code Red, respectivement calqués sur les emblématique Whole Lotta Rosie et Back in Black.
Si Power Up est une réussite, c’est tout simplement parce qu’il s’agit d’un pot-pourri de tout ce qu’AC/DC sait faire de mieux depuis près de quarante ans. Et que cette fois, ils ne cherchent ni à innover, ni à se réinventer, ni à atteindre l’apothéose d’un Highway to Hell. Juste de l’AC/DC old school, authentique, pur et dur.
Et comme ils le disent si bien depuis 1977 : « Let There be Rock ! »
Nayl Badreddine