Contact, le troisième album de Landshapes qui part dans des tas de directions, alternant entre des morceaux plutôt lents et torturés et d’autres plus rapides et certains même quasiment funky, exploratoire mais d’une variété très séduisante.
L’éclectisme comme marque de fabrique
L’éclectisme, l’envie d’explorer, de toucher à tout, à tous les styles – en particulier en musique – est certainement une qualité. La preuve d’une ouverture d’esprit, d’une aptitude à composer des morceaux qui empruntent à des genres différents pour créer des univers sonores différents. Peut-être aussi la preuve que l’identité se trouve dans la diversité. Unique mais pas uniforme.
C’est un peu le cas de Landshapes, pour qui l’éclectisme semble être une marque de fabrique. Rambutan (2013) et Heyoon (2015) – les deux premiers albums du groupe – avaient déjà marqué et séduit par cette capacité à jongler entre les styles mais aussi interrogé sur le véritable son du groupe, sur son identité et sur la possibilité de canaliser l’énergie évidente qui se laissait entendre. La question n’est pas tranchée avec ce troisième album. Avec Contact, Landshapes continue d’expérimenter, de chercher, d’explorer. De toute évidence, les quatre membres du groupe – Luisa Gerstein (voix, synthés), Heloise Tunstall-Behrens (basse, voix), Jemma Freeman (guitare, voix) and Dan Blackett (batterie) – aiment ça. Tellement qu’ils ont même décidé de s’engager dans des pistes différentes de celles de Rambutan et Heyoon. Avec une certaine réussite, il ne faut pas le cacher.
Une vraie émotion
Landshapes nous propose une musique vraiment très séduisante. Les mélodies sont impeccables et superbement portées par les voix, les formes que basse-guitares-batterie dessinent – pour variées et difficiles à saisir qu’elles soient – sont captivantes. Et, au final, même si Landshapes semble chercher sans – vouloir ou pouvoir – trouver un seul style qui leur convient, même si Contact donne l’impression de partir dans tous les sens, il se dégage des 10 morceaux qui composent cet album – assez court, 36 minutes – une ambiance assez unique, une atmosphère homogène, un peu mystérieuse, brouillardeuse, presque triste ou mélancolique. Il se dégage de Contact une vraie émotion.
Du courant alternatif pour un excellent album
L’album alterne entre des morceaux plutôt lents et torturés et d’autres plus rapides et certains même quasiment funky, portés par une basse ronde et addictive, des claviers légèrement bancals – “Drama” ou “The Ring”, des morceaux très intéressants – très bons, soyons clairs, des hits potentiels – où on hésite entre légèreté, insouciance et une certaine gravité amenée par la voix et la mélodie. “Drama” et “The Ring” sont d’ailleurs des morceaux assez surprenants, assez différents du reste de l’album. Ils ouvrent soudain une parenthèse dans l’album, créent une respiration inattendue entre “Rosemary” et “Siberia” – qui sont plutôt sombres, à cause des guitares triturés et des synthés en particulier – et “Real Love is Dead” et “I’m mortal” – assez sombres aussi, mais cette fois à cause d’une mélodie lente chantée d’un ton un peu plaintif. Après 6 morceaux, l’album nous a déjà fait visiter des endroits très différents, beaux. Une balade très plaisante, qui prend un tour inattendu, part dans une autre direction avec “Dizzee” – un rythmique quasiment de samba pour une piste très pop, portée par une voix douce et assez éthérée – pour terminer sur 3 derniers morceaux plutôt rock et électriques – “Let Me Be”, sorte d’hymne qu’on imagine repris en coeur par la foule dans un stade gigantesque. Excellents 3 derniers morceaux, d’ailleurs.
Comme l’album. Très bon. Dans des genres différents, on l’a dit, avec guitares ou synthés nappés ou sautillants, basse ronde et funky ou tropicale… et toujours une belle voix – agréablement aigüe — pour colorer l’ensemble. Landshapes cherche sa voie ? Devrait en trouver une ? Peut-être. Peut-être pas, en fait. Ils avancent en explorant des territoires divers. En produisant une musique riche, variée, éclectique, mélodique, très intéressante. Qu’on prend vraiment plaisir à écouter. Vivement le prochain album !
Alain Marciano