Sans être un « grand Donjon », En Sa Mémoire est un divertissement solide, respectant les codes inventés par Sfar et Trondheim, tout en constituant une petite échappée par rapport au sujet central de la série.
En tant que point de départ, et en quelque sorte « centre de la galaxie Zénith », la série Donjon Zénith s’est tenue depuis le début au plus près de l’histoire du Donjon, de son éminent gardien, et de nos deux plus chers acolytes, Herbert le canard et Marvin le dragon. Ce huitième tome (En sa mémoire – on parle ici de la maman de Marvin, assassinée avant d’apprendre la nouvelle du mariage de son fils…) est un premier pas de côté par rapport à une trajectoire jusque-là acquise, au point qu’on le verrait plutôt comme un épisode autonome de Donjon Monsters. Ce qui en soit n’est pas un problème, sauf pour ceux qui seraient impatients de voir progresser l’intrigue principale !
Voici donc Herbert en super-détective aux super-pouvoirs (sa pichenette destroy et son épée du destin) bien décidé à élucider le mystère de la mort de la maman de son meilleur ami. Costaud à la bagarre mais pas très fin en enquêteur, Herbert se trouve embarqué dans une suite de bastons avec des dragons pas très sympathiques. Jusqu’à ce que Marvin lui-même, ignorant le décès de sa mère, surgisse au milieu de cette grosse pagaille… Tous les mécanismes habituels du Donjon fonctionnent dans En sa Mémoire à pleine puissance : intrigue farfelue, dialogues délirants, combats apocalyptiques… il y a de quoi réjouir à peu près tous les fans !
Bonus du tome : la première apparition (chronologique) du délirant baba-cool / dealer Gilberto, très réussie ; le chaman Orlandow, encore tout jeunot lui aussi, qui aura également un rôle important dans la série Donjon Crépuscule. Bref, Sfar et Trondheim soignent leur public en continuer à combler les « trous » dans cette incroyable saga qu’est devenu le Donjon. Ajoutons que les plus accros d’entre nous découvriront aussi de nouvelles règles absurdes du draconisme, ce qui ne mange pas de pain…
On regrettera un peu que, comme dans le tome précédent, l’histoire se boucle un peu trop vite et trop facilement, ce qui suggère que les 46 planches traditionnelles sont vraiment trop courtes par rapport à l’imagination des auteurs. Le dessin de Boulet, à la fois précis et très joliment dynamique, sert à merveille le récit, et il n’y a guère que sur le travail de la couleur, très contemporain, que l’on pourrait renâcler, en regrettant la mise en couleur traditionnelle de la BD franco-belge.
Bref, l’aventure continue…
Eric Debarnot