SAULT a été une des belles découverts de 2019 avec les deux albums 5 et 7. Mais 2020 aura été l’année de la consécration pour le trio qui est devenu avec deux albums musicalement parfaits – Untitled (Black is) puis Untitled (Rise) en quelque sorte le porte-étendard musical du mouvement Black Lives Matter.
SAULT est collectif désormais plus moins identifié mène par le multi-instrumentiste et producteur Dean Josiah Cove aka Inflo (producteur de l’immense Kiwanuka en 2019), la rappeuse Melissa Young (Kid Sister) et par la chanteur Cleo Sol, qui a sorti au printemps dernier son album solo Rose in the Dark.
Untitled (Black Is), le premier de deux albums de SAULT, est sorti juin dernier. Dès la première écoute il impressionne par sa puissance et sa force : deux caractéristiques qui s’expliquent par la grande diversité musicale de l’album mais aussi par son propos très engagé, militant, à l’image de la pochette avec le célèbre poing levé du Black Power. Un album qui parle de l’histoire des noirs et notamment des problèmes de racisme (Don’t Shoot Guns Down) qui ont été mis en lumière plusieurs fois au cours de l’année 2020 en France et bien sûr États-Unis avec notamment le meurtre de George Floyd et le mouvement contestataire Black Lives Matter qui a suivi avec, on se souvient, les prises de position des basketteurs US durant les finales du basket US au cours de l’été dernier.
Des chants de révolte portés par musiques Soul funk accrocheuses
Ce qui fait donc la grande force de cette album c’est bien sûr son propos dur et sans équivoque, ses protest songs, mais c’est aussi ses musiques de grande qualité, terriblement accrocheuses pour ne pas dire addictives, mêlant au fil des titres des influences soul, r’n’b, rap, gospel, tribales, fusion ou afro-funk comme sur Bow avec Michael Kiwanuka. Un mélange détonant dont l’énergie et le côté festif tranchent avez la sombritude de textes pleins de rage et de chagrin mais avec toutefois ici et là un message d’espoir comme sur Miracles ou Eternal Life .
Untitled (Rise) quant à lui regorge de titres Boogie funk 70‘s
Untitled (Rise), le second album est sorti en septembre. Le propos y est tout aussi politique avec là encore des textes encore emprunts de douleur (We lost another life, Why do my people always die ?). Le trio fait encore une fois des merveilles avec cette production assez exaltante qui démarre sur les chapeaux de roue avec le titre Strong, une composition funk soul tribale, qui ressemble à véritable hymne à la danse et à la transe. Parfait pour démarrer ce second album regorgeant de titres Boogie funk 70‘s rappelant pour certains les premiers albums de Michaël Jackson comme Fearless avec son tapis de chœurs et corde endiablées. Un album qui semble être dédié entièrement à la danse (I Just Want To Dance) et qui nous ramène dans son orientation à la plus pure tradition du jazz funk fusion des années 70 porté par des gens comme Herbie Hancock, Quincy Jones, Roy Ayers, Crusaders, Deodato, etc… dont on doit sans doute retrouver quelques samples sur certains titres.
Au final, ce sont deux albums totalement passionnants que nous offre là SAULT, rassemblant la plupart des courants de la musique noire en 35 titres pour 2 fois 50 minutes de plaisir, le tout doublé d’un soutien clair et direct à la cause noire. Une réussite totale dans les deux cas.
Benoit RICHARD
Sault : Untitled (Black Is) & Untitled (Rise)
Label : Forever Living Originals
Date de sortie : 19 juin 2020 / 18 septembre 2020
https://www.youtube.com/watch?v=iQQAiO1WJPo&list=OLAK5uy_lfHfcvpofmsga5a_hbtleJkxUzuOx32TE