Et si Jon Favreau avait eu raison, depuis le début ? Toujours relativement enfantine dans son approche, la série The Mandalorian gagne paradoxalement ses lettres de noblesse avec cette seconde saison, dans la droite ligne de la première, mais… en mieux.
Il y a une chose qu’on doit admirer dans The Mandalorian, c’est sa parfaite constance, qui témoigne sans doute du sérieux avec lequel Jon Favreau aborde son travail, en même temps que son respect de l’univers Star Wars – soit une approche bien différente de celle de la dernière trilogie filmique, dont on a déploré le grand n’importe quoi. Ne serait-ce que pour ça, et parce que la Saison 2 – en gros identique à la première, en mieux (à moins que cela ne soit nous qui ayons revu nos attentes à la baisse) fait un superbe travail pour inscrire l’histoire du Mandalorian et de Grogu (car, oui, Bébé Yoda hérite cette fois d’un nom, qui ne lui va pas trop bien, avouons-le…) dans la « grande histoire » de la saga, gageons que les fans aimeront ces 8 nouveaux épisodes. Reste que cela pose un problème simple à quiconque souhaite les chroniquer : pourquoi ne pas faire un simple copié-collé de ce que l’on pensait et écrivait après le visionnage de la première saison, puisque rien n’a bougé ?
Rien ? Evidemment non, parce qu’il y a ce dernier épisode qui, s’il laisse malheureusement en suspens le joli dilemme de la possession du sabre noir (signe qu’il y aura bien une troisième saison l’année prochaine, et qu’il reste des choses à raconter…), fait forcément beaucoup, beaucoup parler de lui, et qu’il convient absolument de ne pas spoiler : disons seulement que nous connaissons des gens qui ont jubilé et pleuré à la fois comme jamais devant leur écran de télévision. Pour le moment, l’épisode 8 (The Rescue) culmine sur IMDb avec la note astronomique de 9.9/10 donnée par 32.000 spectateurs, ce qui est un signe qui ne trompe pas (même si l’on vous déconseille d’aller visiter avant de l’avoir regardé la page qui lui est consacrée, pour cause de spoil manifeste)…
Pour le reste, on répète donc ce qui fonctionnait dans la première saison : l’ouverture western du premier épisode (The Marshal, au cas où quiconque aurait un doute), avec Timothy Olyphant (vu récemment dans la saison 4 de Fargo), et l’alliance contre nature avec les Indiens (ici les hommes des sables), puis, dans les épisodes suivants, la succession des actions commandos du Mandalorian, souvent justifiées avec difficulté par un scénario qui ne s’embarrasse pas trop de crédibilité. Il y a l’hommage à Kurosawa et à toute la culture nippone avec le très bon épisode 5 (The Jedi). Il y a aussi, et c’est plus nouveau, un clin d’œil réussi à Indiana Jones, avec la poursuite en camion de l’épisode 7 (The Believer). Bref, il y a du fun à la pelle, tout du moins si l’on ne se formalise pas devant la facilité avec laquelle le Mandalorian se sort des situations les plus périlleuses en moins de 45 minutes à chaque fois : il est vrai qu’il a une armure en beskar, ce qui permet pas mal de choses !
Les fans de Star Wars sont donc ravis de la manière dont la série est reliée aussi bien à la trilogie originelle (l’action se passe après la victoire – fragile – de la République dans le Retour du Jedi) qu’aux différentes séries en animation, et ils espèrent y voir une preuve du nouveau sérieux avec lequel la maison Disney, qui a beaucoup péché, aborde désormais la franchise de George Lucas. Les non-fans se réjouiront quant à eux de la qualité de la mise en scène (confiée à des professionnels comme Peyton Reed, Robert Rodriguez et Favreau lui-même, mais aussi à des fans comme Bryce Dallas Howard…), de l’interprétation (Titus Welliver, Giancarlo Esposito, Gina Carano, Rosario Dawson, Michael Biehn, il y a du beau linge…), des effets spéciaux (meilleurs que jamais), sans oublier la beauté des images, souvent plus organiques que digitales.
Et bien sûr, ne manquez pas le lancement d’une nouvelle série, annoncée pour décembre 2021, placé après le générique du dernier épisode.
Eric Debarnot