Après une première saison très séduisante, Undercover déçoit un peu avec une nouvelle aventure de son flic infiltré, qui a tendance à ronronner et qui se voit privée cette fois d’acteurs vraiment charismatiques.
La première saison de la série belge (du côté flamand, cette fois) Undercover s’était montrée particulièrement séduisante, avec un juste mélange d’action et de dérision qui pouvait évoquer par instants la formule magique de Breaking Bad. Nico Moolenar nous raconte comment un (faux) couple de flics vont – difficilement – infiltrer la sphère intime d’un gros producteur belge d’ecstasy (un personnage de fiction inspiré d’un trafiquant réel, Janus Van W.) et essayer de montrer un piège pour le faire tomber… mais se trouver pris en dépit de toutes leurs précautions dans le piège des sentiments.
La réussite de la série reposait néanmoins largement sur ses interprètes, et il était impossible de ne pas s’attacher au personnage de Bouman, formidablement campé par l’acteur hollandais Frank Lammers : entre le criminel implacable, à l’intelligence aigüe, et l’homme ordinaire, facilement vulgaire, amateur de bière, de barbecues et très amoureux de sa femme, Lammers traçait un portrait attachant d’un personnage ambigu, à la fois terrifiant et dérisoire. Impossible aussi, soyons sincères, de ne pas craquer devant l’incroyable Anna Drijver, à la beauté et à la présence physique exceptionnelles, qui nous faisait alors dire qu’on aurait suivi la série jusqu’au bout, même si elle n’avait pas été bonne, pour le simple plaisir de la regarder !
Maintenir la qualité de Undercover dans une seconde saison n’allait pas être facile, d’autant que Moolenar et son équipe se privent justement de ses deux acteurs-clé : Lammers apparaît quand même occasionnellement, pour une intrigue parallèle assez faible et ne débouchant pas sur grand-chose, et qui démontre surtout que les scénaristes ont été conscients du déficit de charisme du casting. Tom Waes, le personnage principal, qui a pris un drôle de coup de vieux entre les deux saisons, confirme ici une certaine neutralité dans son jeu, qui ne met pas en valeur la complexité des enjeux professionnels et personnels dans lesquels il se débat, tandis qu’aucun des nouveaux personnages ne se révèle particulièrement intéressant.
Le sujet est pourtant potentiellement riche en émotions, puisqu’il s’agit cette fois d’infiltrer une famille belge se livrant au trafic d’armes entre l’Ukraine et les pays africains ou sud-américains, mais, après un démarrage assez fort, l’intrigue s’enlise dans des va-et-vient, tant policiers que psychologiques, qui peinent régulièrement à nous intéresser. Si l’on ajoute le manque flagrant de professionnalisme, voire même de simple bon sens, chez les policiers, il est difficile de se laisser emporter par cette seconde saison qui ne surprend jamais et n’émeut que très peu.
Heureusement, le final de la saison est à peu près satisfaisant, à condition d’accepter l’improbable laxisme des criminels, qui laissent passer avec négligence toutes les occasions offertes de liquider nos héros !
Bref, l’enthousiasme qu’avait suscité la première saison de Undercover s’est peu à peu dégradé en une vague sympathie pour une série qui n’est plus qu’honorable, sans plus. A l’heure qu’il est nous n’avons pas de confirmation d’une troisième saison…
Eric Debarnot