Avec la collection Jazz is Dead, Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad ont rassemblé quelques uns de leurs musiciens de jazz fétiches pour enregistrer avec eux des morceaux en Live. 5 albums sont déjà sortis en 2020. Trois autres devraient voir le jour en 2021.
Jazz is dead est une collection d’albums, un concept crée par Adrian Younge, producteur, musicien et disque jockey de Los Angeles. Le gars possède un beau petit C.V. Il a notamment collaboré avec – excusez du peu – RZA, Kendrick Lamar, Wu Tang Clan, Jay-Z, Goshtface Killah, The Delfonics. Pianiste, bassiste, batteur, passionné de son vintage, Il se définit comme une sorte d’“analog guy”.
L’idée de Jazz is dead est de poser la question sans vraiment la poser. Il n’y a d’ailleurs pas de point d’interrogation. Est-ce une question ou une affirmation ? Vous seul avez la réponse. En gros, si vous pensez que le jazz est mort, ces albums ne sont pas pour vous. Pour Adrian Younge le Jazz n’est évidemment pas mort, il pense que c’est avant tout un état d’esprit qui n’est pas ancré dans une époque précise. Le Jazz n’est pas un sport où l’on joue à celui qui va jouer le plus vite sur les accords les plus complexes, car comme toute musique, il transmet l’émotion pure.
Aujourd’hui, il y a déjà cinq volumes dans la collection. L’idée est simple : Adrian Younge va chercher un artiste qu’il adore, (souvent des légendes oubliées, connues des afficionados collectionneurs de vinyles rares comme l’est Adrian Younge) et lui propose d’enregistrer en live, sur bandes analogiques, sans filet, en quelques jours, quelques titres, composés ou improvisés le jour de la séance d’enregistrement. Façon Blue Note quoi. La plupart des invités sont des vieux de la vieille, rompus à ce genre d’exercice. Gary Bartz (qui succéda à Dave Liebman chez Miles), Doug Carn, Roy Ayers, Brian Jackson, les brésiliens Marcos Valle, Joao Donato ou encore le groupe Azymuth.
Les musiciens passent tous à la moulinette vintage du Docteur Younge et de son comparse Ali Shaheed Muhammad (ex-Tribe called Quest), tous deux multi-instrumentistes. Les batteries et les tempos sont tous groovy à souhait, prêts à être samplés à tout va. Mais qui sample encore aujourd’hui ?
Le récent volume cinq avec le claviériste Doug Carn est un très bon cru, plus jazzy que les précédents, avec une ambiance quintet hard bop sous marijuana. Le prochain volume concernera le mythique Gary Bartz, et il est particulièrement savoureux tant le légendaire saxophoniste s’y montre très inspiré. D’autres volumes viendront compléter la collection avec notamment Tony Allen.
Adrian Younge est un artiste qui ne court pas après la nouveauté à tout prix. Pour lui, un disque nouveau est un disque qu’il n’a jamais écouté. Peu importe l’époque. Les albums de cette superbe collection ont un son a la fois rétro et profondément actuel, donc intemporel, et forcément indispensables pour tout amoureux du “rare groove”.
Fred Pallem