On ne peut certainement pas dire qu’on ait jamais attendu la parution d’un nouveau tome de Donjon Parade avec impatience, mais le dessin remarquable d’Alexis Nesmes sauvera littéralement Garderie pour petiots de l’oubli.
Au sein du Donjon, la série Donjon Parade a toujours constitué le maillon faible de l’univers protéiforme – et de plus en plus assumé comme tel avec les nouvelles séries Antipodes – créé par Sfar et Trondheim : limités dans leurs ambitions (« des histoires humoristiques » situées entre les tomes 1 et 2…), déclinés dans un format un peu bâtard de 32 pages seulement, peut-être plus destinés à la jeunesse, les 5 premiers tomes de Donjon Parade ont été sans doute ceux qui ont le moins marqué notre imaginaire, et que l’on s’est le plus empressés de ranger dans notre bibliothèque, sans envisager particulièrement de jamais les relire.
On aurait presque envie de dire que Garderie pour petiots (le titre, déjà…) connaîtra le même destin, avec son scénario qui ne casse pas trois pattes à Herbert (pardon, à un canard), assemblage de gags moyens et de passages gore bien dans la tradition, à partir d’une histoire sans grande originalité. Sauf qu’il est difficile de ne pas s’arrêter sur le dessin réellement somptueux d’Alexis Nesme, qui nous donne envie de ralentir notre relecture pour savourer ses créations superbes, qui viennent ajouter une sorte de « chair » à l’univers parodique du Donjon.
Du coup, si l’on rira de bon cœur devant des gags puérils, voire bien « bêtes et méchants » grâce à l’apparente détestation des enfants ici véhiculée (ces « petiots » sont non seulement insupportables, mais ils sont aussi de parfaites ordures !), il y a fort à parier qu’on retiendra surtout de ce sixième (et dernier, aimerait-on espérer) volume de Donjon Parade la magnificence de sa mise en image.
Si l’on avait le droit de voter quant aux futurs collaborateurs de Sfar et Trondheim, on aimerait qu’ils remettent Nesme au boulot sur un livre plus ambitieux, plus métaphysique même peut-être.
Eric Debarnot