Designer sonore, Nicolas Repac a restructuré des sonorités venues des quatre coins du monde et issues des collections de Charles Duvelle, défricheur de sons rares et considéré comme le grand-père de la world music. Le résultat est bluffant.
L’art du sample s’est largement démocratisé depuis de nombreuses décennies. Pour le meilleur et pour le pire, du succès mondial (Moby, Fatboy Slim, Marrs) à la gloire locale restée anonyme mais heureux possesseur d’un sampleur, permettant d’émettre des sons enregistrés basés sur des échantillons.
Touche à tout, Nicolas Repac s’est illustré en collaborant notamment avec Bashung, Arthur H, Mamani Keita mais aussi en tant que compositeur pour le cinéma avec les frères Larrieu. En 2015, il rencontre l’ethnomusicologue Charles Duvelle (décédé en 2017), collaborateur de Pierre Schaeffer avec qui il a fondé le label culte Ocora Radio France et qui lui ouvre ses archives sonores rassemblant des musiques issues des quatre coins de la planète : « C’était un monsieur passionnant et exceptionnel de générosité, il m’a ouvert ses portes, offert ses bandes et laissé le chant libre ! » dixit le musicien.
Comme pour un puzzle musical, Nicolas Repac a rassemblé des extraits de chants ethniques avec des rythmes et des arrangements personnalisés ou samplés. Des percussions traditionnelles du Bénin, du morin khuur symbole de la nation mongole, un violon subsaharien ou encore une kora malienne viennent magnifier les treize titres de Rhapsodic. Les chants ethniques, souvent d’origine africaine, sont particulièrement mis en valeur.
Les rythmiques ajoutées sont groovy – Kama Twist Dada, Space Mobylette et Mars Ma Terre – et provoquent un déhanchement immédiat, tout en valorisant la contemplation et transformant l’écoute en voyage initiatique. Plus roots, Austral Rêverie, Echo System et Sama encensent les voix en les figeant dans une pureté immaculée alors que des quasi-instrumentaux – Electrosapiens, In The Land Of Your soul et Carambolage – exaltent les ambiances hypnotiques qui transforment l’écoute en expérience trans. Les influences restent larges et certaines atmosphères rappellent celles des américains de Tipsy ou encore les productions de Damon Albarn avec son label Honest Jon’s, loin donc des clichés « musiques du monde ».
Nicolas Repac a parfaitement réussi un métissage rétrofuturiste au sens noble du terme, tel un archéologue sonore rendant ces joyaux musicaux accessibles à tous.
Mathieu Marmillot