Le duo de la série L’Ambulance 13 se reforme pour un one shot qui nous plonge en 1944 dans la guerre des maquisards, avec pour héros des gamins que la guerre a fait grandir trop vite.
Trois lycéens parisiens sont contrôlés par la police en décembre 1943. Un livre d’anglais suscite l’agacement de l’inspecteur qui prend leurs noms. Le lendemain, ils balancent dans un étang un soldat allemand qui s’en prenait à leur camarade Colette. Poursuivis par la police, les « terroristes » s’enfuient. Jacques, qui possède une grand-mère juive, doit impérativement quitter Paris. Les amis décident de quitter famille et études pour se faire oublier en Corrèze, où le père de l’un d’eux, haut fonctionnaire vichyste, possède un château.
Dans L’Ambulance 13, le scénario de Patrice Ordas célébrait le courage des hommes qui avaient sauvé son grand-père. L’École buissonnière est un hommage à son père, qui après avoir bousculé un sous-officier allemand s’est, sans réfléchir aux conséquences, enfuit. Le gamin de 16 ans rejoindra la résistance, combattra, sera blessé, capturé et torturé. Jugé trop jeune pour recevoir médailles et honneurs, il ne recevra sa carte d’ancien combattant que 50 ans plus tard. Ordas rassemble les bribes de confidences reçues pour bâtir une histoire ambitieuse. Hélas, pour la faire tenir dans un format aussi court, il est contraint de multiplier les ellipses qui surprennent à la première lecture.
Le dessin réaliste en couleurs directes d’Alain Mounier est plaisant. Bien que gentiment daté, il convient à la période traitée. Un découpage moderne met en valeur ses planches qui rendent parfaitement l’ambiance hivernale. Le travail des visages fait ressortir la jeunesse des héros, leurs peurs, leurs stupéfactions, leur courage et, au final, leur évolution. La guerre se révèle une rude école.
Jacques, François, Jean et Colette sont des jeunes normaux qui s’inquiètent pour leurs examens et leur avenir. Leurs réactions sont naturelles et il est aisé de se mettre à leur place. Le château étant occupé, ils sont contraints de trouver refuge au maquis. À 16 ans, ils se voient soudain confier des armes et des missions de soldats.
Ordas nous rappelle que la guerre est une affaire de jeunes gens. L’âge moyen des 100 000 hommes montés au maquis en 1944 n’était que de 20 ans. La plupart avaient fui le STO, sans s’être préparés à une guerre sale. Pour paraphraser Paul Valéry, la guerre, c’est le massacre de jeunes gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens âgés qui se connaissent et ne se massacrent pas.
Stéphane de Boysson