Confirmation du talent de Bicep, ce duo de producteurs irlandais installé à Londres, qui signe avec Isles un album parfait, un ravissement pour le corps et l’esprit. D’ores et déjà un des grands moments de l’année 2021 en matière de musique électronique.
Le premier album de Bicep sorti en 2017 sur Ninja Tune avait très vite permis de se rendre compte de l’étendue du registre de ce duo capable, dans un même album, de mêler des tas d’influences (musique répétitive, UK garage, House…) pour donner naissance à un style vraiment original et très accrocheur qui trouve déjà une forme d’apothéose avec Isles leur second LP.
Nos deux jeunes Irlandais, avant de devenir de brillants producteurs de musique électronique, se sont d’abord fait remarquer grâce à leur blog Feel My Bicep sur lequel ils postaient des tas de morceaux dansants (House, techno funk, disco…), montrant une belle curiosité et un talent de digger évident. Nourris de sons dubstep, drum’n’bass, IDM, UK garage, ils se sont lancé ensuite dans le grand bain de la production avec d’abord quelques maxis avant de laisser éclater au grand jour leur talent dans un premier album passionnant où leur passion pour les sons électroniques 90’s rejaillissait à travers des compositions d’une évidence folle.
Pour ce second album, Matt McBriar et Andy Ferguson poussent le curseur encore plus loin, apportant un peu plus de personnalité et de singularité dans leurs morceaux où l’on découvrir une palette d’émotions et de textures très variée. Si les influences repérées sur l’album éponyme sont toujours bien présentes, le duo Bicep approfondit encore un peu plus son travail, proposant des assemblages de sons assez bluffants, des collages audacieux (Apricots), avec une capacité à créer des boucles de mélodies géniales et entêtantes (Atlas), venant se coller à des bass grondantes et à des beats résonnant parfois à des pulsations organiques.
Un ensemble de morceaux tout de suite captivants, voire carrément entêtants, avec ici où là des voix fantomatiques (Rever, Sunfial), des sonorités parfois étranges et mystérieuses qui viennent hanter des titres aussi grandioses que mystiques (Lido), invitant à chaque nouvelle écoute l’auditeur à danser plus intensément encore pendant que des frissons lui parcourent tout le corps.
Et si cet album peut éventuellement mettre un peu de temps à décanter de par son foisonnement, chaque nouvelle écoute de titres aussi profonds que X ou Fir vous rapprochera un peu plus de l’extase. Une sensation de plénitude rarement ressentie au cours de ces dernières années au contact de musiques électroniques, pour un album génial qui se transforme très vite expérience physique, sensorielle et musicale incomparable.
Benoit RICHARD