Groupe phare de la scène indépendante européenne, The Notwist signe son grand retour à grand renfort de pop hybride et de sons électroniques avec l’album Vertigo Days.
Sept longues années séparent Vertigo Days et Close To The Glass le dernier album en date de The Notwist. Sept années durant lesquelles la formation allemande s’était éparpillée dans des projets parallèles souvent spectraux et confidentiels diffusés notamment sur leur label, le bien nommé Alien Transistor.
Jusqu’à maintenant, The Notwist avait traversé les profondeurs du temps avec bonheur. Des débuts grunge-noise à la Superchunk, en passant par la pop électronique dépressive, le dub où la noisy-pop, leur précédent album, le réussi Close To The Glass, remettait les guitares au premier plan.
Un changement de label plus tard, le trio des frères Archer (guitare-chant et basse) et d’Andi Haberl (batterie) s’est recomposé sous l’inspiration de différentes rencontres afin de « se remettre en question et brouiller l’idée d’identité nationale ». Les quatorze titres de Vertigo Days distillent toujours cette douce mélancolie accompagnée de recherches sonores audacieuses et se distinguent par des collaborations bien senties.
Le premier extrait diffusé, Where You Find Me, tient du miracle. Sa mélodie sobre et élégante s’emboite parfaitement avec une batterie répétitive et constructive et solennise la prise de risque. Tout comme le radiant Al Sur, une ritournelle presque joyeuse sublimée par la voix de Juana Molina, au croisement de l’électronique exigeante entendu chez leur compère de Mouse On Mars – période Iaora Tahiti – et d’une pop underground brésilienne.
Autre belle collaboration avec la chanteuse Saya du duo pop japonais Tenniscoats qui pose sa voix céleste et naïve sur Ship pour un résultat envoutant, légèrement easy-listening, qui n’est pas sans rappeler les anglais oniriques de Pram.
Le chant enveloppé d’effets ouatés de Markus Acher partage et renforce la proximité émotive sur Loose Ends, Night’s Too Dark, Into Love / Stars ; et le saisissant Sans Soleil voit la résilience des claviers, face aux guitares et violons, triompher dans un tourbillon de distorsions.
Changement d’ambiance, quoique, sur Exit Strategy To Myself, empreint de sons anxiogènes dont le chant se love dans une ambiance capitonnée. Into The Ice, soit la rencontre de sonorités plus jazz et aquatiques grâce au clarinettiste Angel Bat Dawid, nous ramène vers des climats déjà croisés sur Shrink, leur album émancipateur de 1999.
Avec Vertigo Days (sélection du mois de janvier), les membres de The Notwist ne perdent pas le nord. Leur boussole électronique dérangée les guide avec assurance sur les chemins détournés de la pop empirique.
Mathieu Marmillot