The Sun Inside, de Jaromil Sabor, un album léger et délicat, subtil, intelligent. 10 morceaux de folk-pop lumineux et doux comme des nuages. Apaisant comme un voyage en forêt. Planant comme un trip au coeur des nuages par un jour de printemps. Embarquez pour le voyage, sans hésitation.
Folk-pop délicate
Jaromil Sabor… Jaromil Sabor ? D’abord, ce sont des images d’Europe Centrale qui viennent, la mélancolie inquiète des nuits et du brouillard de Prague, le froid, Kafka et Meyrink – Kundera, paraît-il. Et puis on réalise que ça sonne en fait comme Sophie Fonfec ou Formi Gröonde. L’inquiétude gagne au moment d’ouvrir le boitier de la K7 pour découvrir ce qui se cache derrière cette superbe photo de Simon Merer aux tons impossibles, rose fané et vert bouteille. Rassurez-vous. On est loin de la blague de potache, genre fin de soirée triste et sans ambiance. On est loin aussi de la bonhomie pataude du barbu de Moulinsart. Pas de jurons, de trépignements colériques, d’onomatopées balourdes. The Sun Inside est un album folk-pop délicat, subtil. La musique que propose Loïk Maille – qui se cache derrière Jaromil Sabor – et de ses acolytes est intelligente et tout en douceur ; tout en finesse. En fait, il ne me vient que des adjectifs positifs pour qualifier cet album.
Pas une surprise
Que The Sun Inside soit un très bon album n’est pas vraiment une surprise. Loïk Maille n’en n’est pas à son coup d’essai. Il y a quelques années déjà, on l’a entendu dans The Artyfacts ou dans Arthur Pym & the Gordons. Puis est venu Jaromil Sabor, avec quatre albums déjà publiés : Marmalade Sculpture (2012, sur Closed Up records) et La Santa Roja (2014, sur Sunny Weeks Records), III (2016, sur Frantic City Records) et Second Science (2018, sur Howlin Banana Records). The Sun Inside est donc le cinquième album qu’il produit avec ce projet. Un disque composé, mixé et produit à la maison ! Mais un disque qui vous emportera loin. Comme les précédents albums, The Sun Inside fait planer dans la pièce une espèce de beauté qui pousse à retourner la cassette pour une nouvelle écoute. Et ça recommence à chaque écoute. Difficile de le lâcher une fois qu’on l’a écouté.
Beau mais ni mièvre, ni lisse
The Sun Inside est avant tout porté par une voix et une guitare, une voix douce accompagnée d’une guitare et ses arpèges tranquilles et lents. Des paysages dessinés lentement, en maîtrise, en retenue et douceur. Pas de mièvrerie pourtant. Aucun morceau lisse ou plat.
La voix sait être éraillée comme il faut, se casser régulièrement, trouver les accents qu’il faut pour l’émotion soit toujours présente (les remarquables Only Hours Roam et The Knights of Light, ou la voix et la guitare s’équilibrent dans un morceau parfait dont il est difficile de se défaire). La batterie sait être très présente, sans être agressive ou violente ; le piano sait égrener ses notes quand il faut pour illuminer les chansons.
Des chansons qui arrivent malgré tout à s’emballer quelque fois – la fin superbe de Rain Falls for the Silent Child – avec perfection. Juste ce qu’il faut de délicatesse et de justesse pour ne pas casser l’atmosphère tissée jusque là.
Une atmosphère, assez mélancolique et presque triste ou, au moins méditative comme sur Let Me Sink In Silent Seas (I was walkin on and on/Lookin for a place in the Sun/Let me sink in Silent Seas/Where the Waters open for me…
Un album beau, poétique, mélancolique et addictif. Le prochain album de Jaromil Sabor sortira en Juin. À ne pas manquer !
Alain Marciano