Avec la mise en ligne sur OCS de la quatrième enquête de C.B. Strike, notre nouveau limier préféré, Blanc Mortel, nous avons rattrapé notre retard sur l’Angleterre : quatre épisodes romantiques en attendant la suite, prévue pour la fin de cette année.
Lethal White (Blanc Mortel en français…), le quatrième volet des aventures de notre couple follement romantique Cormoran Strike et Robin Ellacott est sans aucun doute le plus ambitieux de tous, le plus complexe : il a d’ailleurs été développé sur quatre épisodes d’une heure, sans que pour autant on évite, surtout dans la dernière partie, que l’enquête est menée au pas de charge, et que les informations et explications nous sont dispensées à un tel rythme qu’on a quand même bien du mal à s’y retrouver. C’est là une limite indiscutable, et cela génère même une frustration qui nous gâchera un peu le plaisir des « retrouvailles ».
Si le troisième volet, Career of Evil, se fermait sur le mariage de Robin, avec cœur brisé de rigueur pour Cormoran, secrètement amoureux de sa belle collègue, et assumait pour la première fois clairement ses gènes de comédie romantique, Lethal White va mettre pleinement l’imbroglio sentimental au centre de l’intrigue : entre les difficultés rencontrées par Robin au sein de son couple, et l’impossibilité pour Strike de construire quelque relation que ce soit – sans même parler du retour maléfique de son ex-compagne toxique -, l’Amour (oui, avec majuscule) est bien au centre du jeu… Et déséquilibre un peu la série, parce que, admettons-le, notre petit cœur de midinette bat pour ce joli couple d’handicapés (lui, avec une jambe en moins, elle avec un trauma indélébile, qui prend ici de l’importance alors que son nouveau métier de détective pousse Robin dans des situations dangereuses) et se préoccupe un peu moins de la filandreuse enquête policière de circonstance.
Alors que l’épisode précédent se construisait autour de deux chansons du Blue Öyster Cult, Lethal White part de la magnifique et célèbre silhouette du « Cheval Blanc d’Uffington » (que nul fan de XTC n’ignore, puisqu’il illustrait la pochette de l’album English Settlement), transformé ici en lieu possible d’un crime ancien, plus ou moins déformé dans les souvenirs d’un enfant traumatisé devenu un adulte névrotique. Robin et Cormoran vont devoir, en remontant dans le temps, affronter l’impressionnante arrogance des politiciens d’aujourd’hui, mais aussi les conflits familiaux exacerbés par la cupidité : le tableau que peint J.K. Rowling de la upper class est particulièrement virulent, et on y retrouve cette problématique de classes sociales, tellement anglaise, et qui était déjà un grand sujet dans Harry Potter. A partir de telles prémisses, il est donc un peu dommage que la partie purement policière de Lethal White se révèle aussi confuse, et, admettons-le, aussi peu intéressante.
Reste qu’on ne saurait déconseiller à quiconque de poursuivre la découverte de C.B. Strike, puisque son moteur principal, cette fameuse alchimie entre ses deux acteurs, Holliday Grainger et Tom Burke, reste un puissant moteur de la fiction. Et le garant de notre plaisir.
Eric Debarnot