Après le superbe album Outsider réalisé en compagnie de Mark Lindsay de Tunng et du chanteur Adam Glover, petit tour dans la discothèque de Philippe Cohen Solal pour vois quels sont ses disques fétiches et ses coups de cœur du moment.
Dans une autre vie, Philippe Cohen Solal a été animateur radio, plus tard il a composé des musiques de films pour Tonie Marshall ou Yolande Zauberman, et a même connu un très grand succès au début des années 2000 avec le groupe Gotan Project qui avait la particularité de mélanger tango et musique électronique. Auteur de deux albums solo, – Mind Food et Paradis Artificiel(s) – on le retrouvait en ce début d’année 2021 pour un projet en compagnie de Mark Lindsay de Tunng et du chanteur Adam Glover pour un disque magnifique (Outsider) – sélection du mois de février – autour l’œuvre posthume de l’artiste américain Henry Darger.
5 disques du moment :
The Strokes – The New Abnormal
N’ayant pas été touché auparavant par la grâce des Strokes – je ne me l’explique pas aujourd’hui – j’ai écouté cet album en boucle pendant quelques mois et y retourne, dès que j’ai besoin de faire le plein d’énergie et d’ »attitude ». Cet album me donne envie d’être anglais et d’aller boire une pinte au pub. Deux choses impossibles actuellement.
Grandaddy – The Sophtware Slump … on a wooden piano
Je suis FAN de Grandaddy, depuis une vingtaine d’années, quand j’ai découvert The Sophtware Slump, magnifique album, que son leader-singer-songwriter Jason Lytle a eu la bonne idée de nous offrir dans cette nouvelle version minimaliste et confinée à la maison sur piano droit. La preuve que de belles chansons, habillées ou dénudées, restent de belles chansons.
Celeste – Not Your Muse
La porte d’entrée vers le paradis Céleste fut, pour moi, Strange une chanson à forte charge émotionnelle qui résume en trois minutes l’étrangeté d’une relation amoureuse, qui se lie puis de délie. Son nouvel album est heureusement à la hauteur de nos attentes et si l’on compare paresseusement Céleste à une nouvelle Amy Winehouse, je ne lui souhaite en aucun cas le même destin.
Gabriels – Love and hate in a different time
Quelle voix! Celle de Jacob Lusk, le chanteur de ce trio de Los Angeles, qui transperce le cœur et l’âme comme seuls savent le faire les vrais « soul singers ». On peut bien sûr penser à Marvin Gaye, Sam Cooke ou plus récemment Ceelo. La production est savamment brute et organique, délicatement nostalgique et moderne à la fois. Très prometteur.
Brisa Roché & Fred Fortuny – Freeze where U R
De belles chansons et une belle voix, voilà tout ce qu’il faut pour faire un beau disque. Ah oui, j’oubliais quand même les arrangements, la production…et l’inspiration. Ces deux là n’en n’ont pas manqué dans cet album intemporel, qui se promène sur la Tin Pan Alley, et où l’on peut entendre les fées Joni Mitchell, Carole King ou même Billie Holiday, se pencher sur le berceau de Brisa Roché.
5 disques pour toujours :
David Bowie – Hunky Dory
Ce génial album ouvre une décennie de créativité inégalée pour le Thin White Duke, où chaque album qui suivra, défoncera toutes les portes musicales et esthétiques de son époque. Jusqu’à Scary Monsters, son public en totale dévotion – dont je fais partie – le suivra bouche bée et heureux à chaque nouvelle transformation, avant que le « très grand public » nous l’avale goulûment avec Let’s Dance.
Lou Reed – Berlin
Bien sûr l’album Transformer produit par Bowie et son tubesque Walk on the wild side aurait pu figurer dans ce quinté musical, mais Berlin possède une magie belle et sombre, qui nous transporte de la première à la dernière note. Cela s’appelle la grâce.
Marvin Gaye – What’s going on
L’album qui pourrait me fait croire en l’existence de Dieu. En tous cas, il me semble clair qu’une force supérieure a guidé Marvin pour enfanter une telle merveille. Il a d’ailleurs confirmé dans certaines interviews, qu’il s’était senti « l’instrument de Dieu » pendant tout l’enregistrement de cet album. Divin, donc.
Paul Mc Cartney – Ram
Cet album post-Beatles sent bon la campagne anglaise et la soirée homey au coin du feu. Des chansons truffées de mélodies comme seul Sir Paul a le secret et un délire presque dadaïste quand lui et sa femme Linda chante à tue-tête Ketchup, soup and purée dans le très rock ‘n’ rollien Monkberry Moon Delight.
Neil Young – Harvest
Alors si on veut faire rentrer l’air de la campagne dans nos oreilles, il suffit d’écouter les 37 minutes de ce chef d’œuvre. Je ne rate d’ailleurs jamais l’occasion d’écouter cet album quand je suis dans la nature, ou d’attraper ma guitare et un harmonica pour jouer ces chansons dès que je mets ma chemise à carreaux.