On le sait depuis un bon moment maintenant, la Belgique a toujours été très fertile en production de groupes de qualité : Soulwax, Ghinzu, ou encore Girls in Hawaii témoignent de cet état de fait. Depuis quelques années, il semblerait que le combo Balthazar ait repris le flambeau, et comment !
Formé en 2004, Balthazar sort son premier album Applause en 2011, sur lequel on retrouve l’imparable Fifteen Floors, single donnant le ton et affirmant un style déjà propre, de par cette combinaison singulière des voix complémentaires de Maarten Devoldere et Jinte Deprez, les deux fondateurs du groupe, confirmant une forte identité musicale. Suit alors l’impeccable Rats, en 2012, album bien plus intimiste et beaucoup moins électrique, dont la tracklist comprend le sublime The Man Who Owns The Place, ayant servi de générique parfait pour la série La trêve.
En 2015, Thin Walls voit le groupe s’entourer du producteur Ben Hillier, afin de parfaire la production de ce nouvel opus, et à l’issue de la tournée qui a suivi, la violoncelliste Patricia Vanneste quitte le groupe pour s’orienter vers un projet solo du nom de Sohnarr. Il faudra ensuite patienter jusqu’à janvier 2019 pour écouter le fruit musical de la nouvelle formule exclusivement masculine du groupe, qui avec ce nouvel album, prend un nouveau virage sonore et affine son propre style. Le groupe prend la route et enchaîne les festivals européens pendant quelques mois.
Sur Sand, son 5e album, Balthazar fait montre d’une grande maturité et le disque constitue une suite logique à Fever, Jinte précise d’ailleurs « l’idée était de sortir un autre album dès que possible après Fever. C’était amusant et nous voulions construire sur cette base ». Les morceaux qui composent ce nouvel album ont donc été écrits pendant la tournée de Fever, en réaction directe aux vibrations du public. L’ensemble est très groovy, forme une unité cohérente et les thèmes abordés sont le temps qui passe, l’agitation et l’impatience. Un disque en mouvement donc et en proie aux mutations, à l’instar du groupe lui-même, qui, au fil des années et des parutions d’albums, cherche et trouve sa formule et son rythme.
Le premier titre de l’album Moment est très caractéristique de la patte Balthazar : il s’ouvre par des percussions déroutantes, que viennent contrebalancer la basse et les chœurs. Certains titres tels que On a Roll, ou encore Linger On possèdent tous les ingrédients Pop requis pour agripper l’auditeur et ne plus le lâcher. Le bien mal nommé Losers, deuxième single paru en octobre dernier, avec son riff de guitare lancinant et ses chœurs légers et entêtants « Pa-Pa-Pam », traduit à la fois la désillusion mais aussi l’espoir qui renaît « A quel point on se sent perdants pour l’instant, à quel point on se sent perdants, à l’aube de quelque chose de grand ».
A noter que la musique de Balthazar se pare au fil du temps de subtiles touches électro, lui conférant une jolie profondeur sonore, fruits des expériences solo de Jinte sous le pseudo de J.Bernardt et de Marteen, en tant que Warhaus.
Balthazar compte donc parmi les formations belges majeures sur lesquelles il faudra compter dans le futur, leurs productions studio étant tout aussi qualitatives que leurs prestations scéniques. Il est d’ailleurs urgent de les voir sur scène !
David Counil