Quand comme Max, on part dans la jungle à la recherche du père qui vous a abandonné, il vaut mieux être motivé, et surtout sur ses gardes… sous peine de servir d’amuse-gueule aux caïmans…
Les événements s’étaient emballés dangereusement à la fin du premier tome. Charlotte et Christelle, à peine arrivées au dispensaire du camp minier, doivent déjà plier bagage et prendre la fuite en laissant un cadavre derrière elles. Quant à Max et Baïa, après avoir échappé de justesse aux hommes de main du camp, ils errent dans la jungle après un accident ayant provoqué la mort de leur chauffeur… Alors que Max est en proie à la fièvre, Baïa découvre l’épave d’un avion contenant le squelette d’un enfant. Serait-ce l’épave liée à cette vieille histoire de kidnapping de la fille du patron de la mine et d’un beau magot détourné ?
Si le deuxième volet d’Un putain de salopard est sans réelle surprise, il ne déçoit pas pour autant ! Sur un scénario très bien ficelé, comportant son lot habituel de rebondissements, Régis Loisel continue à dérouler le fil de cette aventure palpitante, avec en toile de fond la quête de Max pour retrouver ce père disparu dont la réputation laisse pour le moins à désirer. Le jeune homme va connaître les pires galères dans l’enfer vert de la jungle amazonienne, en compagnie de celle qui plus d’une fois va le sauver de situations périlleuses, Baïa. Fille d’une autochtone indienne et d’un père inconnu, la jeune femme possède un don de double vision qui lui permet de voir les esprits, ajoutant au récit une touche de fantastique. Doté d’un sens de l’intuition très développé, elle joue en quelque sorte pour Max le rôle d’ange gardien, et bien que muette, sait parfaitement se faire comprendre lorsque son compagnon téméraire emprunte les mauvais chemins… car dans ce western avec pour décor une jungle aussi paradisiaque que menaçante, où l’appât du gain et l’absence de lois rend l’homme plus dangereux que les caïmans, il importe pour sa propre survie de conserver un œil aiguisé !
D’un point de vue graphique, on reste également sur la même ligne. Le trait enlevé d’Olivier Pont, bénéficiant d’une mise en page sans faille, est rehaussé par une colorisation particulièrement soignée. François Lapierre, qui avait déjà prouvé son talent avec Magasin général, continue à nous éblouir en nous immergeant dans la jungle amazonienne grâce à mille nuances de vert.
L’épisode se conclut par un cliffhanger, au moment où Max vient de retrouver ce « putain de salopard », ce qui sans nul doute va susciter une forte attente chez les lecteurs conquis par cette série de très bonne tenue, avec des personnages très attachants et soudés face à des brutes sans foi ni loi.
Laurent Proudhon