« Nature Always Wins » : Maxïmo Park retrouve l’énergie d’antan

Après des débuts tonitruants avec A Certain Trigger en 2005 puis une quinzaine d’années un peu hésitantes, Maxïmo Park est de retour. Le 7e album du groupe est complet : mélodies impeccables, guitares parfaites, rythmiques juste. Un des meilleurs de leur discographie.

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© Em Cole/Prolifica Inc

Les débuts furent tonitruants. Le premier album du groupe – A Certain Trigger – sorti en 2005 sur Warp – excusez du peu – fût un vrai succès commercial et critique. Des salles remplies, des ventes conséquentes et une nomination pour le Mercury Prize. Maxïmo Park et son post-punk pop et mélodique était lancé. Pourtant, les albums et le temps passant, la confirmation a tardé a venir. De bons albums mais qui ne semblaient jamais vraiment en mesure de rivaliser avec le coup de maître d’A Certain Trigger. En particulier Risk To Exit (2017) – le dernier album – n’avait pas franchement emballé avec un son très 80’s, trop 80’s. Qu’attendre et espérer d’un nouvel album ? Que le naturel revienne au galop et finisse par l’emporter ? Oui. C’est ce qui se passe avec Nature Always Wins. Le trio du nord de l’Angleterre – Paul Smith (chant), Duncan Lloyd (guitares, claviers) Tom English (batterie) – épaulé de Ben Allen (Animal Collective, Kaiser Chiefs, Belle and Sebastian, Deerhunter) réussit un vrai, bon, très bon album, du niveau d’A Certain Trigger.

Maxïmo Park - Nature Always WinsMaxïmo Park a souvent fait passer un message politique dans ses albums. On se rappelle de The National Health (2012) avec des morceaux comme Waves of Fear ou Banlieue et ses constats dramatiques : « England is ill and it is not alone… England is sick and I’m a casualty ». Ou Risk to Exist (2017) – écrit et influencé par la situation dramatique dans laquelle l’Angleterre et le monde se trouvait… le groupe allant jusqu’à mettre un zine pro-migrant avec l’album. Le titre de ce septième album studio semblait aussi indiquer que le groupe poursuivait dans la même voix. Ce n’est en effet pas totalement absent – Why Must a Building Burn parle de l’incendie de la Grenfell à Londres mais après avoir découvert qu’un proche du groupe était mort dans l’attentat du Bataclan et la question que pose la chanson est claire : « Why must a building burn/Before the powerful learn? » Mais dans l’ensemble le disque semble plutôt marqué par la situation personnelle du groupe, la paternité de Paul Smith et le départ d’un des fondateurs du groupe – Lukas Wooler. Ce qui donne un résultat plutôt très intéressant … ou pas, en fait.

À l’écoute de Nature Always Wins, on peut ressentir deux sentiments radicalement opposés. Le pessimiste blasé peut trouver ces morceaux énergiques et dynamiques, ces mélodies jolies et bien tournées, ces riffs enlevés. Se réjouir d’écouter de la pop qui aurait sa place dans devant grandes audiences. Mais, au final, conclure que tout ça est banal et convenu. S’agacer que tel passage de All of Me – composé d’ailleurs avec Ben Allen, le producteur – menace de rappeler FredericksGoldmanJones (oui, j’exagère un peu) ou être surpris que le riff d’intro de Why Must a Building Burn résonnât comme Vangelis et ses Chariots of Fire – ou alors, c’est la référence au feu qui était choisir. Avons-nous besoin de ce genre de chansons en 2021 ?

L’optimiste enthousiaste qui a aimé Maxïmo Park et qui veut voir le verre aux trois-quarts plein peut apprécier la capacité du groupe à torcher, de nouveau et enfin, des morceaux puissants, aux mélodies impeccables et irrésistibles. Se réjouir que cette musique – pas forcément originale – puisse être jouée lors de festivals énormes. Se laisser emporter par cette pop à guitares qui va à 100 à l’heure – peu de temps morts sur l’album – et se laisser émouvoir quand le rythme ralenti et qu’une sorte de mélancolie perce dans la voix de Paul Smith.

Préférons la seconde option. Ne boudons pas notre plaisir. Il y a de vraies pépites sur l’album. Pas nécessairement des morceaux révolutionnaires mais de très bons morceaux de pop-rock. Une mention spéciale à quatre morceaux. L’’excellent Child of The Flatlands, aussi un peu décalé aussi, plus mélancolique, plus mesuré et moins rapide, dans lequel les claviers donnent une dimension spéciale, aérée au morceau. Claviers aussi et mélancolie – malgré l’énergie et le mouvement qui restent présents – dans Feelings I’m Supposed to Feel, et le très électronique Meeting Up – une des meilleurs compos de l’album. Mais la palme revient à Versions of You – probablement un des meilleurs de l’album, une mélodie parfaite par des riffs énormes et justes, rythme de basse opportun. Mais, dans cette vision optimiste et positive de l’album, tout se laisse écouter avec un vrai plaisir.

Alain Marciano

Maxïmo Park – Nature Always Wins
Label : Prolifia / PIAS
Date e sortie : 26 Février 2021