La pochette de The American Negro, qui renvoie aux sombres heures des persécutions subies par les Afro-américains jusqu’au début du XXe siècle, est révélatrice du contenu : un album engagé et militant, qui plante ses racines dans la Great Black Music.
A propos de son nouvel album, Adrian Younge déclare : « The American Negro est une critique sans compromis d’un système d’oppression des personnes de couleur aux Etats-Unis, détaillant par le menu le système et l’approche résolument malveillants qui les affectent au quotidien. Ce tout nouveau projet dissèque les mécanismes cachés d’une forme de racisme aveugle, utilisant la musique comme un médium capable de restaurer la dignité et l’estime de soi des Afro-Américains comme moi. »
S’inscrivant dans le Black History Month, la sortie de The American Negro du producteur et multi-instrumentiste Adrian Younge – auteur de la série Jazz is Dead en compagnie d’Ali Shaheed Muhammad (dont on a parlé récemment – va plus loin, en proposant en même temps que son album, un podcast dans lequel il interviewe Chuck D (Public Enemy), Ladybug Mecca (Digable Planets), Keyon Harrold, Michael Jai White (Invisible Blackness en exclu sur Amazon Music) et un court-métrage, intitulé T.A.N..
Mais soyons honnête, The American Negro n’invente pas grand chose en termes de musique. Si le discours est accrocheur et militant, habité de poésie et de beauté soul au groove moelleux, il doit beaucoup à l’intérêt qu’on lui porte pour son discours orienté, qui défend les injustices et le racisme subis par les personnes de couleur aux Etats-Unis, ne réussissant pas à proposer une quelconque forme de nouveauté musicale, telle que le suggère son créateur… d’autres artistes, tels que Georgia Anne Muldrow vont plus loin dans une démarche similaire.
The American Negro est sans conteste un bel album, aux arrangements old-school sophistiqués et au discours combatif, dont on appréciera fortement la démarche, mais qui personnellement me laisse sur ma faim question de prise de risque musicale. Un projet que l’on saluera avant tout pour sa démarche globale.
Roland Torres