Michel Magne, sa vie, son château d’Hérouville transformé en studio résidence dans les années 60 où ont enregistré Elton John, Bowie, ou Pink Floyd… tout ça est raconté dans une bande dessinée pop, riche, foisonnante et pour dire, assez formidable !
Durant ces dernières années, l’histoire de Michel Magne et du château d’Hérouville a été le sujet de quelques documentaires télé ou radio qui ont permis de redécouvrir l’incroyable aventure de cet ancien relais de poste du 19e siècle, devenu à parti des années 60 et durant près de deux décennies un lieu important de la production musicale en France.
Cette fois, c’est la bande dessinée qui s’intéresse à l’histoire de ce petit château de la région parisienne, et surtout à celle de l’homme qui va en faire un lieu mythique de l’histoire du rock, où se dérouleront des fêtes mémorables durant quelques années.
Il faut dire que Michel Magne n’était pas vraiment un artiste comme les autres. Musicien précoce, avant-gardiste, fantaisiste et hyper créatif, il est, à 30 ans à peine, un compositeur et arrangeur qui compte sur la scène musicale française, auteur notamment en 1692 d’une de ses plus belles partitions pour le film Un singe en hiver d’Henri Verneuil.
Ami de Françoise Sagan de Juliette Gréco et surtout de Jean Yanne pour qui il composera quelques bandes originales de films mémorables au début des années 70, Michel Magne décide de racheter le château d’Hérouville en 1962 avec le désir d’y habiter mais surtout d’y installer un studio d’enregistrement ultra moderne pour l’époque. Malgré un incendie qui ravagera une partie du château et détruira la quasi-totalité de ses œuvres, Michel Magne aura réussi à faire de ce lieu un endroit inoubliable dans lequel des groupes, chanteurs, musiciens producteurs (Pink Floyd, Grateful Dead, Elton John Bowie, Tony Visconti, Magma, Jacques Higelin…) viendront enregistrer des albums et passer des moments inoubliables qui vont constituer au fil des années la légende du château d’Hérouville.
La bande dessinée imaginée par Yann le Quellec et Romain Ronzeau démarre au moment où Michel Magne, qui vient de tout perdre dans les flammes de l’incendie du château, fait la rencontre de celle qui deviendra la femme de sa vie, Marie-Claude, une jeune fille de 16 ans rencontrée par hasard alors qu’elle fait du stop sur une route de campagne. Cette jeune femme blonde et solaire est celle qui va redonner espoir et vie au compositeur, celle qui va l’accompagner dans ses ambitions les plus folles mais aussi dans ses déboires, dans ses erreurs et dans sa chute.
Durant plus de 250 pages hautes en couleurs dans lesquelles se mélangent dessins aux contours pop, photos et documents d’archives, les deux auteurs rendent un vibrant hommage à ce couple qui a connu la grandeur des fastes soirées, mais aussi la perte du château d’Hérouville, revendu à la bougie au moment où Michel Magne se retrouve ruiné.
Une destinée hautement romanesque pour ce couple et ce château que le livre parvient subtilement à retranscrire dans des pages foisonnantes, pétillantes, inventives… bien à l’image du personnage qu’était Michel Magne.
On en prend plein les yeux tout en apprenant plein de choses sur la carrière artistique Michel Magne… pour tenter de comprendre ce qui a animé cet homme durant toute sa vie et ce qui l’a conduit vers son destin tragique.
Une bande dessinée à la fois tendre, chaleureuse, bourrée d’anecdotes et de souvenirs incroyables… le genre de livre que tout amateur de musique pop rock se doit de lire pour se souvenir ou imaginer l’émulation et la folie qu’ont constitué les années 60 et 70 pour ce style de musique.
Benoit RICHARD