Les deux norvégiennes de Smerz signent enfin leur premier album, Believer, brouillant avec talent les pistes d’une musique insaisissable et ambitieuse, entre pop, r’n’b et electro expérimentale.
Henriette Motzfeldt et Catharina Stoltenberg, le duo qui forme Smerz, peaufinent leur son depuis quelques années, avec les sorties de leurs EP’s Okey en 2016, suivi en 2018 de Have Fun. A coups de prestations scéniques remarquées et de recherche sonore aux clairs-obscurs caressant nos nuits, à coups de griffes, les norvégiennes livrent enfin leur premier album, Believer, voyage trépidant dans les tensions d’une électro pop tiraillée entre intellect et animalité, post classique et expérimentations sensorielles.
On peut aisément comprendre ce qui a attiré Björk à inclure un de leurs titres, dans son dernier mix diffusé sur Sonos Radio, Smerz jouant avec les contrastes, passant d’un titre à l’épure classique pour enchainer avec un morceau aux crissements rave.
L’album déroule son univers en mode exploration, surprenant l’auditeur de par sa diversité et sa cohérence, les vocaux susurrés sont capables de virer r’n’b à l’image de Flashing, tout en développant des atmosphères extrêmes et minimales, surfant sur les pores de la peau pour y injecter leur dose de mélodies charnelles à l’abstraction brumeuse.
Believer réussit le pari de combler nos attentes, de proposer une oeuvre complexe et accrocheuse, piochant dans le mainstream sans jamais y mettre les pieds, de nous faire croire que leur musique passera à la radio alors que l’on sait pertinemment qu’elle sera l’apanage d’une poignée de passionnés, férus d’étrangeté addictive et de beauté déviante, de pratiques laborantines et d’amour pour l’inconnu. Vital.
Roland Torres