Après Roden Crater et Basquiat’s Black Kingdom, Arman Méliès clôt sans trilogie américaine avec le très évocateur Laurel Canyon. L’occasion pour lui d’évoquer des groupes qui ont vécu l’âge d’or de ce quartier de L.A. dans les années 60 (Joni Mitchell, Neil Young) mais aussi quelques groupes plus contemporains.
Laurel Canyon c’est ce quartier situé sur les hauteurs de Los Angeles où des groupes aussi mythiques que The Mamas and the Papas, The Doors, Love, Crosby, Stills, Nash & Young ou les Byrds sont venus s’installer au milieu des années 60 pour y composer des albums aujourd’hui mythiques. Laurel Canyon, un nom qui donne son titre au dernier album d’Arman Méliès, et qui est évoqué dans une vision fantasmé à travers le portrait en filigrane de quelques personnages plus ou moins imaginaires. Un 3e album qui vient clôturer en beauté la trilogie américaine de l’auteur de Casino (2008) et Vertigone (2015).
L’occasion de demander à celui qui rêve de découvrir un jour cet endroit mythique de la contre-culture américaine des 60’s de nous parler de quelques albums importants à ses yeux et surtout à ses oreilles.
5 disques du moment :
The Weather Station – Ignorance
Un disque magnifique, découvert grâce à un article dans une revue anglaise. De splendides mélodies, une tension latente qui habite des chansons sophistiquées servies par des musiciens impeccables, et la voix lumineuse de Tamara Lindeman, tout est ici d’une folle élégance. Mon disque du moment.
Neil Young – Archives, Vol II
Quelques disques incontournables (On The Beach, Zuma), quelques live ébouriffants, une flopée d’inédits… Un trésor inépuisable.
Buck Meek – Two Saviors
Guitariste des géniaux Big Thief, Buck Meek signe un album qui n’est pas sans rappeler Palace Brothers. La production, très sobre mais très belle, met en valeur le jeu habité du musicien et des compos magnifiquement mises en son.
Nick Cave – Carnage
Un peu plus d’un an après le monumental Teenghost, Nick Cave revient accompagné du fidèle Warren Ellis pour un nouvel album dans la droite lignée du précédent. Enregistré durant le confinement, le disque, plein de claviers qui pleurent et de chœurs séraphins, est un nouveau trésor que je chéris jour après jour.
PJ Harvey – Stories From The City, Stories From The Sea
J’avais un peu oublié combien j’aime PJ Harvey. La sortie successive des démos de tous ces albums à remis l’anglaise en haut de la pile, d’où elle n’aurait jamais du bouger. La tension latente, les guitares rageuses et charnelles, le chant habité, tout me parle. Encore plus nues, ses chansons sont encore plus belles.
5 disques pour toujours :
Mark Hollis – Mark Hollis
Acheté un peu par hasard quelques jours après sa sortie en 1998, ce disque ne me quittera plus.
Musique brumeuse, chant en apesanteur, arrangements minimalistes, et cette adresse pour valoriser le silence entre chaque note. Mon disque de chevet.
Blonde Redhead – Misery Is A Butterfly
J’aime tout de ce trio new-yorkais inclassable, mais cet album est une magnifique synthèse de leur musique. Une pop ombrageuse parfois presque baroque, et cependant délicieusement mélancolique, qui emprunte autant à Sonic Youth qu’à JS Bach.
Joni Mitchell – Ladies Of The Canyon
A l’heure où je consacre un disque entier à Laurel Canyon et les clochards célestes qui peuplèrent ce lieu à la fin des années 60, impossible de ne pas citer Joni Mitchell et ses prodigieuses balades.
Les constructions harmoniques, le jeu de de guitare, la voix, les arrangements, tout confine au génie. Sans nul doute l’une des artistes les plus sous-estimées de la pop.
The Doors – The Doors
Compliqué pour moi de choisir dans la discographie du groupe tant j’ai aimé et usé tous leurs albums (à l’exclusion de the Soft Parade, sans doute une peu en dessous). Pas grand chose à jeter en tout cas sur ce premier essai fondateur : Jim Morrison chante comme un dieu des textes hallucinants, Krieger, pourtant virtuose, fait montre d’une économie de moyen qui touche au génie, Densmore fait chanter sa batterie comme si c’était un piano, et Manzarek et ses orgues font le lien entre tous. Comme beaucoup de musiciens avant et après moi, je ne me remettrai jamais vraiment de cette découverte.
Bruce Springsteen – Born In The USA
Il est de bon ton, lorsqu’on évoque Springsteen, de mettre en avant ses albums les plus sobres et les plus acoustiques, Nebraska et Ghost of Tom Joad en tête. J’ai pour ma part une sympathie toute particulière pour Born In The USA, qui synthétise brillamment toutes les facettes de sa musique et comporte quelques chefs d’œuvre qui continuent de me hanter près de 30 ans après leur sortie.
Arman Méliès – Laurel Canyon
Bellevue Music – 26 février 2021