Nouvelle rencontre avec Dom La Nena. Après un entretien au mois de décembre dernier autour de son projet Birds on a Wire (en compagnie de Rosemary Standley), cette fois, la chanteuse et violoncelliste brésilienne évoque son dernier album, le délicieux Tempo.
Artiste rare et singulière, Dom La Nena vient de sortir son 3e album Tempo, véritable petit bijou mélangeant de manière très harmonieuse Pop, musique de chambre et bossa nova. Le genre de parenthèse enchantée salvatrice à l’effet pansement, à appliquer sans modération, et à toute heure de la journée. L’artiste franco-brésilienne nous parle de ce nouveau projet, composé lors de sa récente grossesse.
BENZINE : Peux-tu te présenter s‘il te plaît, et nous parler de ton parcours ?
Dom La Nena : Je suis chanteuse, auteur-compositeur et violoncelliste. Je suis née au Brésil où j’ai passé une partie de mon enfance, puis j’ai grandi entre la France et l’Argentine.
J’ai commencé à étudier la musique à 4 ans en commençant par le piano, puis le violoncelle à 7 ans. J’ai eu une passion assez immédiate pour le violoncelle et très rapidement il était clair que je voulais devenir violoncelliste.
J’ai fait des études classiques au conservatoire, puis à 18 ans j’ai commencé à travailler de plus en plus avec des chanteurs de musiques actuelles en tant que violoncelliste, j’ai accompagné Jane Birkin, Jeanne Moreau et Etienne Daho, Piers Faccini…. Je me suis mise à la composition et en 2012 j’ai sorti mon premier album Ela J’ai énormément tourné à travers le monde avec ce disque, puis avec Soyo mon deuxième album sorti en 2015.
J’ai parallèlement un projet avec la chanteuse Rosemary Standley (du groupe Moriarty), qui s’appelle Birds on a Wire – avec lequel nous avons sorti 2 albums et réalisé énormément de concerts à travers la France.
Peux-tu nous parler de la genèse de ton nouvel album Tempo ?
J’ai composé les chansons de Tempo pendant ma grossesse et en tant que jeune maman. J’ai réalisé, une fois toutes les chansons réunies, qu’elles avaient un fil conducteur : le temps. Ce sont des chansons qui soulèvent beaucoup de questions par rapport à la vie, la mort, la vieillesse, la naissance, la solitude, le vide… Le tempo en musique c’est aussi ce qui fait que la musique sonne harmonieuse, ensemble, en rythme… cela ne fonctionne pas sans tempo !
A l’écoute des 13 titres qui composent Tempo, on ressent une certaine nostalgie mais également beaucoup d’espoir, un effet à la fois exutoire et résilient. C’est ça le pouvoir de la création musicale selon toi ?
Je pense que les chansons du disque soulèvent des questions qui concernent tout le monde, et sans doute que chacun en fera une interprétation ou y trouvera des réponses. Ce qui est magique en musique c’est surtout le fait que chacun puisse en faire sa propre interprétation. Chacun a un ressenti diffèrent : certains trouverons ça triste, d’autres joyeux, d’autres mélancolique… il n’y a pas de règles, la musique touche les émotions et chacun y répond à sa façon.
Tu entretiens un rapport particulier, presque charnel, avec ton violoncelle. Que représente cet instrument pour toi ?
Le violoncelle et moi c’est vraiment une histoire très passionnelle effectivement. J’ai commencé à en jouer très petite, au Brésil, puis je suis venue en France à l’âge de 8 ans et c’est en arrivant ici que j’ai eu comme une révélation, une évidence, et c’est devenu une obsession : je ne voulais plus que jouer du violoncelle ! J’étais tombée complètement amoureuse du répertoire pour violoncelle, qui m’émouvait énormément. Ça correspond aussi à un moment où ce n’était pas forcément super facile pour moi, j’ai eu beaucoup de mal de quitter le Brésil et de laisser mes amies, ma vie là-bas…
Tout en France me semblait très austère. Je pense que je me suis, en quelque sorte, « accrochée » au violoncelle. Le fait d’avoir un but ou une passion m’a sans doute aidé à aller mieux.
Ensuite nous avons du rentrer au Brésil quand j’avais 12 ans, et pour poursuivre mes études de violoncelle, je suis partie seule en Argentine à 13 ans, sans mes parents. J’ai fait des choix de vie très radicaux qui étaient entièrement liés à mon travail avec le violoncelle… Voilà un peu pourquoi en partie je pense que le violoncelle et moi avons une relation aussi intense.
Cette comparaison flatteuse et récurrente à Lhasa, ça t’évoque quoi ?
Je suis bien évidemment très très fan de Lhasa, et bien sûr cela me flatte. Mais je pense que les comparaisons qui sont faites entre artistes sont souvent juste des « raccourcis » que les médias ont besoin de faire, alors qu’en réalité chaque artiste est unique. Je ne pense pas avoir une musique si proche que cela de celle de Lhasa. Nous avons beaucoup de choses en commun – en commençant par la langue, puis une certaine mélancolie très présente dans nos musiques respectives. Bien sûr, comme j’ai beaucoup écouté ses disques, je dois en avoir tiré une influence d’une manière ou d’une autre mais c’est complètement inconscient et je n’ai pas du tout le recul nécessaire pour pouvoir justifier d’une comparaison ou pas.
En tant qu’artiste, comment as-tu vécu cette dernière année marquée par la crise sanitaire mondiale et tous les obstacles que cela entraîne ?
Effectivement c’est une année très particulière. Je n’ai pas vu ma famille depuis 1 an et 3 mois… J’ai eu une soixantaine de concerts annulés ou reportés (certains en sont à la troisième tentative de report), c’est extrêmement frustrant. Malheureusement il n’y a pas grand-chose à dire et à faire à part espérer que les choses aillent mieux et que tout reprenne son cours le plus vite possible.
Peux-tu, s’il te plaît, nous donner des nouvelles de Birds on a Wire, le duo que tu formes avec Rosemary Standley ?
On a beaucoup travaillé pendant cette période sans concerts et on a préparé des nouveaux morceaux qui sortiront bientôt.
Avec quel autres(s) artistes aimerais-tu collaborer dans le futur ?
Plein ! La liste est infinie.
On trouve quoi actuellement dans la playlist de Dom La Nena ?
Arlo Parks, Mansfield Tya, Caetano Veloso, Rosalia, Gilberto Gil, Yves Duteil, Natalia L