Nos favoris pour le mois d’avril : Olivier Rocabois, Piers Faccini, La Femme, Joseph Schiano di Lombo, Nick Waterhouse, Requin Chagrin, Françoiz Breut, Ballaké Sissoko, Cory Hanson, Teenage Fanclub, Maxwell Farrington & Le SuperHomard, Adrian Crowley.
Avril est habituellement un mois bien fourni en nouveautés. Et 2021 ne fera pas exception à la règle. Autant dire qu’il a été difficile de choisir parmi tous les albums à notre disposition pour établir cette sélection mensuelle. Les recalés (de peu !) seront bien sûr évoqués dans notre revue des sorties hebdomadaire.
Toutes nos playlists sont à retrouver sur Youtube Spotify et Deezer
Olivier Rocabois – Olivier Rocabois Goes Too Far
Olivier Rocabois se présente sans honte et avec de l’humour comme un « musicien pop breton autodidacte ». Mais tout ça risque de changer, suite à la sortie de son album, un objet aussi délirant que délicieux, d’une folle ambition oserait-on dire si Rocabois n’était pas, visiblement, un vrai modeste. Car ce disque va nous interdire désormais de parler de « pop anglaise baroque », à moins d’y ajouter un trait d’union du genre “anglo-bretonne” ! On trouve en effet sur cet album à la fois grandiose et charmant aussi bien des relents de Divine Comedy que de McCartney, en passant même par XTC.
Sortie : 2 avril 2021
Label : Acoustic Kitty / Differ-Ant
Ecoute : bandcamp
Piers Faccini – Shapes of the Fall
Nourrissant sa musique de l’héritage anglo-américain, des traditions de la Méditerranée, du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, ainsi que de la musique ancienne ou baroque, Piers Faccini fait partie de ces artistes qui fascinent, explorent, et nous embarquent avec leurs productions dans un voyage musical à travers le globe à travers. Sur ce nouveau disque, on trouvera des titres aux allures de méditations folk ou de blues du désert, avec en fond, une réflexion sur l’état de notre planète.
Sortie : 2 avril 2021
Label : No Format
Ecoute : bandcamp
La Femme – Paradigmes
La Femme a mis 5 ans pour donner une suite à Mystère son précédent album, un peu décevant par rapport au feu d’artifice pop qu’avait constitué PsychoTropical Berlin en 2014. Avec Paradigmes, on retrouve la spontanéité et la fougue juvénile du début pour ce groupe conduit par le binôme Marlon Magnée et Sacha Got. Au total 15 chansons pop désinvoltes, joyeuses, psychédéliques, loufoques, festives, énervées, dont certaines ont été composées il y a longtemps. Un album tassez bigarré qui passe sans souci d’un bon vieux tube alternatif des années 80 (Foutre le bordel) à un titre aux sonorités synth-pop post-moderne (Foreigner).
Sortie : 2 avril 2021
Label : Disque Pointu / PIAS / Idol
Ecoute : bandcamp
Joseph Schiano di Lombo – Musique de niche
La musique de niche c’est celle qui sort des courants habituels, des sentiers battus de la pop. Ca tombe bien, celle que produit Joseph Schiano di Lombo en fait partie. Musique de niche est un disque instrumental qui a autant à voir avec le jazz que les musiques ambient ou les BO de films à petit budget. Bref, un disque assez inclassable qui nous ramène à la fin des années 80, au début des années 90… peut-être bien aux musiques d’Angelo Badalamenti pour David Lynch. Par ailleurs dessinateur et écrivain, ce musicien de formation classique, remarqué entre autres pour une reprise méconnaissable du titre Sans contrefaçon de Mylène Farmer (façon Satie) met son spleen en musique de très belle façon dans des morceaux caressants, cosy et assez irrésistibles. Une belle découverte.
Sortie : 9 avril 2021
Label : Cracki Records
Ecoute : bandcamp
Nick Waterhouse – Promenade Blue
Quand on aime Nick Waterhouse c’est pour la vie ! Car si l’on succombe au charme rétro des chansons proposées par ce Californien depuis plus de 10 ans à travers des albums assez irrésistibles, on se régalera une fois encore avec Promenade Blue, une production que l’on jurerait sortie entre les années 50 et 60 chez Motown ou ailleurs. Au programme, du rock endiablé et surtout morceaux Doo-wop rhythm’n’blues irrésistibles. Une collection de chansons, pour certaines aux allures de standards intemporels, dans lesquelles il sera question des souvenirs d’adolescence du chanteur, dans sa ville natale de Santa Ana. Le disque a été enregistré en compagnie du producteur Paul Butler (Michael Kiwanuka, Devendra Banhart) et regorge d’arrangements de cordes et de chœurs amples et généreux.
Sortie : 9 avril 2021
Label : Innovative Leisure
Ecoute : bandcamp
Requin Chagrin – Bye Bye Baby
Requin Chagrin revient avec Bye Bye Baby, tellement pareil et tellement différent du précédent. La musique a gardé cette fraîcheur, ce côté punchy — guitares acérées, basses rondes et batterie métronomique — qui avait séduit sur les tous premiers morceaux du groupe. Un album très entraînant mais qui, plus encore le précédent, est placé “sous le signe du chagrin”. Une atmosphère scintillante mais plutôt noire. Les mélopées entêtantes des synthés, la voix obsédante de Marion Brunetto, des mélodies trop mélancoliques, les textes presque ironiques sur Love ne demande-t-elle pas : « à cent mille à l’heure, j’ai brisé ton coeur, au moment choisi, mais qu’est-ce qui m’a pris?”. Déjà Vu, comme le suggère le premier extrait de l’album ? Pas vraiment. Ni tout à fait le même album, ni tout à fait un autre. C’est ce qui rend Requin Chagrin addictif.
Sortie : 9 avril 2021
Label : KMS Disques / A+LSO / Sony Music
Ecoute : deezer
Françoiz Breut – Flux Flou De La Foule
Avec Flux Flou De La Foule, Françoiz Breut vient confirmer ce que l’on sent depuis trois albums. Depuis que la dame s’est mise à l’écriture de ses propres textes, on sent comme une libération, comme une macération qui arriverait enfin à une éclosion. Celle d’une véritable parolière, de quelqu’un qui nous ballade dans son univers bipolaire, à la fois joyeux et tourmenté, régressif et lucide, ludique et ambigu. Accompagnée cette fois-ci par Marc Melia et Roméo Poirier, Françoiz Breut nous transporte dans des sonorités à la fois électroniques et désuètes, chargées d’un humanisme qui ne se cache plus. On y croisera les spectres d’une Ophélie, d’un Cormac Mac Carthy, un disque hanté et frais qui assume ses paradoxes et ses dichotomies.
Sortie : 9 avril 2021
Label : 30 Février/PIAS
Ecoute : youtube
Ballaké Sissoko – Djourou
Pour ceux qui connaissent et apprécient les disques de Ballaké Sissoko ou du français Yann Tambour avec son projet Stranded Horse, le son de la kora a quelques chose d’unique, de merveilleux, de lumineux et d’intensément émotionnel quand il est pratiqué par des artistes de ce niveau. Pour ce nouvel album, le malien a invité de nombreux artistes à venir l’accompagner. On y entendra ses compagnons du label No Format, Piers Faccini et Vincent Segal (+ Patrick Messina) avec lesquels il adapte à sa manière La Symphonie fantastique de Berlioz, également la chanteuse gambienne Sona Jobarteh, le vénérable Salik Keita ou des gens venus d’autres horizons comme Camille, Oxmo Puccino et Feu! Chatterton… mais c’est encore en solo que l’on appréciera le plus la pureté du jeu et de l’instrument de Ballaké Sissoko avec les deux titres Mande Tabolo et Demba Kunda.
Sortie : 9 avril 2021
Label : No Format
Ecoute : bandcamp
Cory Hanson – Pale Horse Rider
Boxant dans la même catégorie que Ty Segall et OSees, Wand compte parmi les formations les plus intéressantes en matière de Garage Rock Californien à ce jour. Cory Hanson, le chanteur et guitariste du groupe, s’offre une nouvelle escapade en solitaire avec son album Pale Horse Rider, cinq ans après son 1er essai, The Unborn Capitalist From Limbo. L’occasion une nouvelle fois de se rendre compte que le style de Cory Hanson en solo est tout aussi agréable qu’en groupe, avec ici des chansons enregistrées loin du tumulte de la ville, dans un petit studio installé au milieu de nulle part, dans le désert de Californie. Au total, 10 balades Folk country rock psyché très tranquilles. Une belle parenthèse en attendant le nouveau Wand.
Sortie : 16 avril 2021
Label : Drag City
Ecoute : bandcamp
Teenage Fanclub – Endless Arcade
C’est toujours un petit événement que constitue la sortie d’un nouvel album de Teenage Fanclub... d’autant que le groupe n’avait rien sorti depuis 2016, année où il cartonné notamment au Royaume-Uni avec Here. Ce groupe phare de de la scène pop/rock indépendante britannique des années 90 revient dans son style caractéristique avec 12 bonnes chansons, couplet-refrains, carrées et pas tape-à-l’œil pour un sou, sur un tempo bien pépère de bout en bout. On ne sera donc pas surpris de retrouver un style, un son de guitare, des arrangements, des harmonies, des chœurs, des claviers que l’on connait par coeur ou presque. Et comme à chaque fois, il y a au bout ce petit bonheur de retrouver un groupe « so friendly » que l’on est prêt à suivre comme ça encore pendant 20 ans.
Sortie : 30 avril 2021
Label : PeMa
Ecoute : bandcamp
Maxwell Farrington et Le SuperHomard – Once
D’un côté, Le SuperHomard projet de l’Avignonnais Christophe Vaillant, auteur de l’album Meadow Lane Park en 2019, de l’autre, Maxwell Farrington, un Australien originaire de Brisbane, résident en Bretagne, à St-Brieuc, membre du du groupe Dewaere. La rencontre entre les deux a eu lieu lors d’un concert commun à Paris à l’automne 2019. Lors des balances, l’Australien a interprété à capella une chanson de Burt Bacharach. Il n’en n’a pas fallu plus pour la connexion se fasse entre les deux artistes. Quelques mois plus tard, les voilà qui composent et enregistrent un album commun… Un essai qui se transforme immédiatement en coup de maitre pour ces deux amoureux de pop orchestrale classique qui invitent dans leurs morceaux les fantômes de Lee Hazlewood et Scott Walker. Autant dire que les fans de Neil Hannon et The Divine Comedy vont adorer !
Sortie : 30 avril 2021
Label : Talitres
Ecoute : bandcamp
Adrian Crowley – The Watchful Eye Of The Stars
On sait depuis longtemps que l’irlandais Adrian Crowley est un grand conteur. The Watchful Eye Of The Stars ne vient pas contredire cette impression mais au contraire l’appuie encore un peu plus. Epaulé par le décidemment indispensable John Parish, Adrian Crowley nous propose son disque le plus onirique, le plus ouvert aussi peut-être. Il faut dire qu’après le sombrissime mais superbe Dark Eyed Messenger (2017), il ne pouvait qu’ouvrir les fenêtres dans sa musique et laisser un peu d’air frais se diffuser. A l’image d’un Matt Elliott qui n’a jamais fait plus sombre qu’avec The Broken Man (dont on annonce une réédition augmentée chez les amis d’Ici D’ailleurs), Adrian Crowley poursuit un travail autour de la mélancolie, de la recherche de racines mais en y incorporant un soupçon de légèreté bienvenue. Un grand disque !
Sortie : 30 avril 2021
Label : Chemikal Underground
Ecoute : bandcamp