Prolongeons le plaisir ressenti à l’écoute des disques de Piers Faccini avec la suite de cette fascinante conversation à laquelle nous invite l’auteur de Shapes Of The Fall, son brillant septième album.
Ici, il sera tout autant question de la cour du Roi Roger II de Palerme au XIIème siècle que de Vincent Ségal ou encore de mondialisation. Echange avec un homme aux yeux grands ouverts et à la curiosité poussée par tous les points cardinaux.
BENZINE : En 2004, vous sortez votre premier disque sous votre seul nom, Leave No Trace. Je trouve que rien que le titre à lui seul résume bien votre appréhension de la musique. Voici comment je l’interprète, laisser la seule musique dire les choses, effacer l’individu derrière la musique pour ne laisser que l’affirmation rythmique, sensorielle assumer le message à transmettre. Qu’en pensez-vous ?
Piers Faccini : Oui c’est vrai, cela rejoint un peu votre première question. C’est pour cela que j’adore le Zen, le peintre Zen peint pour disparaître et pour que seule la nature se peigne à travers lui. Le peintre n’est qu’un passeur. C’est une voie possible, l’autre voie possible, c’est tout le contraire. Ma peinture, c’est la façon dont je vois le paysage. Mon but final, c’est de ne laisser que des chansons. Celui qui les a composées, c’est sa personnalité, son histoire, tout cela est très secondaire. J’ai toujours considéré les biographies très intéressantes mais je trouve qu’au final, on n’apprend pas grand-chose sur l’œuvre elle-même.
« Vincent Ségal, c’est un excentrique dans le meilleur sens du terme, je suis aussi un peu comme ça. »
Une vie d’artiste est constituée de rencontres. Je crois qu’il y en a une qui est fondamentale, c’est celle avec le violoncelliste Vincent Ségal avec qui vous avez très souvent collaboré. Il décrit en ces termes votre première rencontre : « Nous nous sommes croisés au détour d’une fête un peu ennuyeuse. En voyant Piers, j’ai tout de suite pensé que ce mec-là avait l’air différent des autres. » Quelle est votre différence essentielle face aux autres, Piers ?
Piers Faccini : Je crois bien que Vincent a senti chez moi quelqu’un qui était en recherche constante et par le fait que lui-même était en recherche, il était en écoute et en observation. Il a dû percevoir en moi aussi quelqu’un qui est toujours à l’écart des autres car, pour observer, il faut conserver une certaine forme de solitude. Il a aussi compris que l’on avait chacun un parcours avec des similitudes. Pour l’époque, c’était assez rare de rencontrer des gens qui avaient des goûts musicaux comme ceux que l’on avait.
Il y avait peu de gens de 19 ans qui avaient des conversations autour du Rail Band du Mali, de King Sunny Ade, Big Daddy Kane, Thelonious Monk ou Claude Debussy ou en peinture Francis Bacon. On s’est reconnu comme des amis avec une complémentarité qui s’est sentie tout de suite. Vincent Ségal, c’est un excentrique dans le meilleur sens du terme, je suis aussi un peu comme ça. On passe nos journées à faire des choses qui peuvent sembler un peu étranges pour la majorité des gens. Etre artiste, c’est passer des journées, voire des années, parfois à fouiller pour trouver quelque chose qui est à peine perceptible.
Il y a une phrase que j’ai lu sur vous en préparant cette rencontre que je trouve plutôt juste. Je vous la propose : « Piers Faccini ne fait pas de la musique du monde, c’est un musicien du monde. » Comment comprenez-vous cette phrase et que pensez-vous que les musiques du monde, le folklore en particulier puissent nous apporter en ces années 2020 à l’heure d’une mondialisation à tout va où un virus circule à la vitesse de l’éclair d’un continent à un autre, de pays qui se referment sur eux-mêmes et leurs particularités culturelles ?
Piers Faccini : Les musique du monde sont liées aux musiques traditionnelles ou à des musiciens qui perpétuent d’une manière ou d’une autre une tradition. Cela reste un terme réducteur et compliqué, prenons l’exemple de Ballake Sissoko, quand il joue de la Kora, il écrit de la musique d’aujourd’hui mais liée à une tradition ancestrale, liée à des générations de joueur de Kora. Moi, je n’ai pas ce truc-là mais par mon message et par mes racines, je suis à cheval sur plusieurs frontières, je n’ai pas donc d’autre choix que de devoir assumer ce drôle de mélange. Puisque ce drôle de mélange inclut plus qu’un seul pays et plus qu’une seule tradition, je suis plus à l’aise dans cette vision-là.
Aujourd’hui, j’écoute beaucoup de vieux enregistrements. Ces enregistrements datent d’un temps où les gens voyageaient beaucoup moins, il n’y avait pas la mondialisation. La radio n’existait pas dans ces endroits-là. Ce qui est extraordinaire dans ces enregistrements, c’est que l’on entend par exemple dans ce musicien qui jouait de la musique dans une forêt du Congo ou dans le Sud de L’Italie, ces musiciens ne connaissaient pas d’autre chose que leur seule musique. On entend cette richesse-là dans ces enregistrements, c’est quelque chose que l’on n’entend plus, c’est quelque chose que l’on a perdu. On peut avoir la même qualité de chanteur ou de musicien mais il est impossible d’enlever le fait que l’on a entendu d’autres sons et d’autres musiques.
C’est l’isolement dans lequel étaient ces musiciens qui rend ce son unique. C’est un peu comme les Iles Galapagos ou la Nouvelle-Zélande, des endroits sur Terre qui ont été isolés par rapport à leur géographie à la pollinisation et aux migrations d’espèces, ils ont développé une faune absolument originale et unique. Dans les musiques du monde, au début, il y avait cela. Par exemple en Italie, les chansons pouvaient changer de région en région mais aussi de village en village, les dialectes changent de village en village. C’était tellement riche.
Aujourd’hui, tout le monde parle plus ou moins la même langue et même si on parle le breton ou d’autres dialectes, on ne peut pas enlever que l’on connaît d’autres choses. C’est bien sûr une richesse mais cela change juste la qualité de comment on chante et de comment on joue. Prenons une génération de musiciens qui a toujours joué de la mandoline, des tarentelles et des sérénades. Prenons le dernier de cette lignée, même s’il connaît ce patrimoine, même s’il maîtrise son instrument et le répertoire, il ne peut pas enlever qu’il est influencé par les autres musiques, par le monde moderne.
Dans une interview, vous expliquiez que ce qui vous avez amené à vous intéresser aux musiques traditionnelles, c’est cette approche de l’épure.
Piers Faccini : Ce que j’ai toujours aimé dans les musiques traditionnelles, c’est que par exemple, celui qui joue dans un mariage ou dans un enterrement, celui qui chante une louange ou une complainte, ce musicien sait exactement pourquoi il chante. Il a une valeur précise. Ce n’est pas un artiste, ce n’est pas le groupe qui joue sur un plateau télé à qui on dit « Bon, est-ce que vous pouvez jouer cinq fois de rang la même chanson pour que chaque caméra prenne leur angle et quand on sera prêts, la sixième fois, on vous filmera. » Et toutes les fois, ils jouent pareil.
Un musicien traditionnel ne peut pas faire ça car il ne peut pas faire semblant. Donc Vous allez lui dire « Joue-moi ça comme ça », il ne va pas comprendre le concept de ne pas jouer pour du vrai. Nous, les musiciens Pop, ce n’est pas une critique mais juste la réalité, il y a un côté artifice comme une pose. Demander à un groupe de Rock de jouer cinq fois de suite un morceau de la même manière ne leur pose aucun problème car c’est dans leur ADN.
Un musicien traditionnel ne le peut pas car il ne peut pas chanter une louange ou une complainte car il y a une dimension sacrée dans cet acte-là. Le musicien traditionnel ne peut l’exprimer que quand il existe une raison de le faire et que le musicien est prêt à le faire. C’est impossible à faire de manière artificielle.
C’est cela particulièrement que j’adore dans les musiques traditionnelles, cela doit être vrai et si ce n’est pas vrai, le musicien traditionnel ne sortira jamais son instrument de son étui car il dira « Bah Non, je ne vais pas jouer maintenant, il n’y pas de raison. » Quand je parlais toute à l’heure de cette activité excentrique à aller chercher quelque chose qui sera à peine percevable au bout du compte, je crois bien que ce que l’on recherche c’est cette vérité-là, celle où on ne fait pas semblant.
Pour éviter le piège de l’ethnocentrisme qui fait ressembler certains disques à des œuvres à la couleur locale un peu frelatée, quel chemin faut-il prendre ?
Piers Faccini : Dans mon cas, je survole souvent mes origines car cela ne me semble pas très intéressant. Ce qui est drôle, c’est que je suis de culture anglaise mais je n’ai pas une goutte de sang anglais. Ma mère n’est pas anglaise mais juive ashkénaze. Mes grands-parents sont venus de l’Europe de l’est, de la Pologne en Angleterre comme réfugiés.
Du côté de mon père, c’est l’Italie. Du coup, quand j’ai commencé à composer Shapes Of The Fall où je cite énormément les musiques méditerranéennes, je cite la musique directement liée à mes origines parce que dans la culture Ashkénaze, il y a eu cette diaspora, cette migration du Moyen-Orient vers les pays du Sud et l’Italie en particulier avec l’émergence de l’empire romain.
Avec le déclin de l’empire romain, les mouvements de population Ashkénaze se sont tournés vers l’Allemagne, la Roumanie, la Bulgarie et l’Albanie et ensuite vers l’Ukraine et la Russie. Cette population a d’abord une identité qui va puiser dans un ADN du Moyen-Orient. Ce que je fais, c’est que je célèbre la langue de la culture adoptée, celle de mes grands-parents, à savoir l’anglais mais je célèbre aussi dans mon écriture mes origines, une idée de ces périples, de ces migrations et de ces mémoires qui me concernent directement dans mon parcours et jusqu’au plus profond de mon identité.
Quand je chante par exemple un mode de musique arabe, j’aime l’idée un peu romantique que cela aurait pu être chanté par quelqu’un de ma famille par exemple au 10e siècle. C’est pour cela qu’il y a ce métissage très précis sur Shapes Of The Fall autour de l’anglais et des modes méditerranéens. Cela me concerne directement non seulement par rapport à mes origines mais aussi par rapport aux passions que j’entretiens pour ces musiques-là aujourd’hui. Je me sens obligé aussi de dire cela pour ne pas être accusé d’appropriation culturelle mais je ne devrais pas avoir à me justifier.
Vous par exemple qui êtes breton, imaginons que demain, vous vous prenez de passion pour les musiques du Sahara, je ne vois pas pourquoi vous ne pourriez pas entamer une conversation qui, à la fois, célèbre vos origines et votre culture bretonne avec la musique arabe ou Touareg. Evidemment, si vous partez là-bas et vous faîtes semblant d’être un Touareg, c’est assez ridicule mais si vous dites « Attends, il y a un rythme que l’on fait en Bretagne qui est assez similaire », cela devient un dialogue. Du moment que l’on essaie d’être quelque chose que l’on n’est pas, cela devient problématique mais de lancer une conversation originale, c’est ça la culture. C’est une étincelle et la culture a toujours besoin de ces étincelles-là qui font vivre éternellement le feu.
Je crois que c’est un peu une belle démarche à l’image de ce slogan qui est écrit sur la guitare de Woody Guthrie, « This machine kills Fascism ». On fait tomber les frontières et les murs. Le nombre de fois que j’ai joué un chant traditionnel d’Italie et où Malik et Karim Ziad me disaient « C’est marrant car nous en Kabylie, on joue exactement sur ce même rythme », on se rend compte que l’on a un tronc commun et c’est ça qui est beau. Prenons les ornements par exemple, la fioriture de comment on chante une mélodie, cela change de culture en culture, on peut chanter plus ou moins la même mélodie mais l’ornement va lui donner une spécifié culturelle et géographique.
Même dans la musique celtique, on peut entendre des ornements qui ont un lien avec des ornements qui viennent directement du Moyen-Orient, ils sont montés par Bagdad puis la Syrie dans le sud de l’Espagne et ensuite vers le nord de l’Europe. Ces ornements que l’on entend dans les musiques celtiques, irlandaise, on entend que ce sont des modes qui ont voyagé. Il y a toujours des liens. Quand j’écoute de vieux chants qui sont bien avant le Christianisme, j’entends quelque chose qui me fait penser que les peuples étaient peut-être plus reliés qu’on le pense. C’est beau de découvrir cela. Par exemple, à Naples, il y a beaucoup de chansons écrites dans un mode qui évoque l’Arabe classique et un courant de la musique arabe. Pourtant si tu chantes ça à un napolitain, il va te dire « ça, c’est typiquement napolitain » et quand tu vas le chanter au Maroc, ils vont te dire « ça, c’est typiquement arabo-andalou ». Pourtant c’est le même mode.
Sur Shapes Of The Fall, on entend aussi bien des complaintes que des chants liés à la transe. Qu’est-ce qui vous attire tant dans les musiques liées à la transe ? Y Trouvez-vous une forme de libération spirituelle ?
Piers Faccini : J’essaie d’instaurer une conversation entre le clair et l’obscur sur Shapes Of The Fall. Il y a une forme de célébration et d’élévation mais il y a aussi une descente, une chute. Les deux sont mélangées, c’est l’affirmation de la nature humaine, la vie sur Terre, la nature de la vie et de la mort. Ce sont des cycles. Je cite beaucoup les musiques de transe car cela me semble intéressant car l’album commence avec une forme de complainte et une thématique très sombre (They Will Gather No Seed), je me suis permis de m’inspirer de rythmes ternaires provenant de musiques de transe pour amener une forme de lumière et de transe et pour apporter une guérison possible. Le morceau passe du mineur au majeur. Cela me permettait d’atteindre un équilibre entre le clair et l’obscur.
Pouvez-vous nous parler des musiciens qui vous accompagnent sur ce disque ?
Piers Faccini : Je crois bien que le plus important, celui qui apporte le plus de couleurs à ce disque, c’est Malik Ziad avec qui je collabore depuis cinq ans, il est devenu un grand ami. On a pas mal de choses en commun avec Malik, déjà on a appris la musique seulement par l’oreille. Il est un peu touche à tout, il joue de beaucoup d’instruments, c’est un passionné de musiques traditionnelles, de modes.
On a cette même curiosité d’archéologue à aller chercher dans les origines. Après la grande différence avec moi, c’est qu’il a une vraie tradition, il vient d’une famille Kabyle et il connaît extrêmement bien les répertoires du Maroc et d’Algérie. Il y a 2 ou 3 chansons que l’on a co-composées ensemble, notamment Dunya et All Aboard. Une partie de cette conversation musicale doit sa profondeur en grande partie à Malik Ziad. L’album est un peu un compte-rendu de cette fraternité que je partage avec lui.
J’avais commencé à faire des démos chez moi comme je fais toujours, j’ai fait les percussions moi-même avec des choses très simples, tout le monde aimait beaucoup cette couleur, du coup on a décidé de ne pas mettre de batterie sur Shapes Of The Fall. Il y a essentiellement que de la percussion, que de la peau, des claps et des tambours exception faite d’un petit passage de batterie sur un titre. Malik m’a suggéré de faire appel à son frère Karim qui est un grand virtuose à la batterie. Karim est peut-être celui qui connaît le mieux dans le monde les musiques et plus particulièrement les rythmes du Maghreb qui sont d’une complexité inouïe. On a décidé de faire le maximum de morceaux à trois en live.
L’autre personne qui a été très importante, c’est Lucas Suarez avec qui je jouais au sein de Charley Marlowe qui est aussi un compositeur et avec qui je collabore depuis très très longtemps. J’ai commencé à travailler sur des arrangements de cordes, je lui ai envoyé les idées d’harmonie, d’approche et de contrechant. Lui, il a pris le relai et a fait des arrangements superbes. On entend quelques percussions d’Oriane Lacaille qui est la fille de René Lacaille, un grand musicien de la Réunion. Oriane est aussi sur mon label et sortira un EP l’année prochaine.
Bien sûr, il y a la présence de Ben Harper et Abdelkebir Merchane sur All Aboard, je suis ravi de les avoir réunis et je crois qu’eux aussi sont contents de cette collaboration. Je les ai invités sur ce morceau, non seulement parce que cela me faisait très plaisir mais aussi et surtout parce que cela me permettait de mieux raconter l’histoire, de toucher encore plus au cœur de cette histoire. Ensuite, il y a Fred Soulard avec qui j’ai co-réalisé le disque qui a mixé et enregistré Shapes Of The Fall.
« On est dans un monde financièrement parlant qui est très très loin d’être stable. »
Vous qui avez écrit Music Is Food en 2014, j’imagine que de voir le gouvernement Macron décrétait au début de la crise sanitaire liée au COVID-19 que les objets culturels ne relevaient pas des articles de première nécessité à dû vous faire bondir. Pourriez-vous nous rappelez le contexte de Music Is Food et pourrions-nous aussi parler de Beating Drum votre label ?
Piers Faccini : C’est un peu ce que je raconte dans ce post, Music Is Food, qui est peu le manifeste du Label. On a besoin de cette nourriture, après on peut survivre sans cette nourriture. C’est ce que Macron disait, c’est troublant. C’est vrai que l’on peut survivre mais on sera très pauvres, on sera mal nourris. Si on ne prend que de la malbouffe, on risque de ne pas être très bien.
Beating Drum est né d’une volonté d’aller contre ce sens-là, un peu comme un agriculteur qui décide qu’il a deux chemins possibles, soit il s’endette encore avec la banque et il achète des terres et fait une culture intensive pour créer beaucoup plus de légumes qu’il va vendre ensuite aux supermarchés en utilisant des fertilisants ou alors il a une autre voie possible, c’est de réduire et d’optimiser la qualité, de contrôler toutes les étapes de son produit final, ses fruits, ses légumes et sa récolte.
Nous, on a voulu faire ça, faire mieux, moins, plus lentement. Aujourd’hui encore, on est dans la preuve qu’on avait raison. On sort un disque en vinyle comme toujours et là on est sur le point de communiquer que le vinyle sera en retard car on a eu un problème dans le visuel et dans la définition de la pochette avec l’usine. On a un produit final qui ne correspond absolument pas à ce que l’on veut. Du coup, on a deux choix : soit on dit c’est pas grave, c’est imprimé, on accepte que c’est pas comme cela que l’on veut le faire mais c’est fait… soit on dit non, il faut le réimprimer pour garantir qui nous sommes, ce que nous donnons et échangeons avec les gens.
Les gens qui sont abonnés au label, j’espère qu’ils attendent de Beating Drum une certaine forme de qualité, je ne veux pas faire de compromis avec ça. Beating Drum est vraiment né de cette volonté-là mais aussi de célébrer pleins de choses que l’on peut faire autour de la musique, des éditions limitées, des livres-disques, des objets d’art. Ce n’est pas évident à faire vivre tous les jours car il n’y a pas beaucoup d’argent dans la musique. On est dans un monde financièrement parlant qui est très très loin d’être stable. Les revenus autour du streaming en sont la preuve, je suis un artiste dont certains de mes morceaux ont été écoutés plusieurs millions de fois mais j’en suis rétribué au lance-pierre. Là, il y a un problème ! Concernant l’approche du label, je crois que l’on est resté fidèle à ce manifeste originel écrit il y a dix ans.
Quelles sont les prochaines sorties de Beating Drum ?
Piers Faccini : On aura, je pense que l’on sortira à la fin de l’année le volume II de Songs I Love après le premier volume en 2014. Il y aura 15 ou 16 reprises avec des histoires et des illustrations qui vont avec, un bel objet. On sortira aussi un nouvel Ep de Jenny Lysander qui revient enfin à la musique après une assez longue absence. J’en suis ravi car je considère la voix de Jenny comme assez unique.
Et puis après, on continuera à essayer de défricher de temps en temps des choses. Beating Drum est aussi en co-production sur le disque de Yelli Yelli, cette chanteuse franco-algérienne. On est en co-production sur Shapes Of The Fall avec un label que j’adore, No Format dont je me sens proche éthiquement et en termes de choix artistiques. On essaie de creuser notre ligne.
De notre côté, nous continuerons de suivre la ligne du label Beating Drum et de Piers Faccini.
Retrouvez la première partie de notre entretien ici.
Shapes Of The Fall est sorti le 02 avril 2021 chez Beating Drum / No Format