Tout en respectant les canons du mythe, Renaud Nattiez ajoute une ultime aventure au héros de notre enfance dans son roman Meurtres à Moulinserre.
Depuis la parution de Tintin et les Picaros et la mort de son père Hergé, Tintin s’est retiré des affaires. Il vit avec le capitaine Haddock et le professeur Tournesol. S’il a vieilli, son prestige demeure immense. La Castafiore organise une grande fête à Moulinsart où sont conviés les anciens compagnons, amis et les adversaires réunis. Bianca est retrouvée assassinée. La police intervient : les invités sont priés de rester sur place et les interrogatoires débutent.
Inspecteur général de l’Éducation nationale, Renaud Nattiez est un tintinophile enragé. Après quatre essais consacrés au reporter, il signe un roman policier. Il y mêle les personnages de Hergé à des personnalités de la presse ou du spectacle. Les patronymes ont été modifiés, mais les pseudonymes sont suffisamment transparents pour ne pas trop compliquer la lecture (Martin/Tintin – Paddock/Haddock – Tournelune/Tournesol).
La plume est alerte, les chapitres s’enchaînent avec rapidité et, conformément à la règle, les rebondissements s’accélèrent. Un agréable sentiment d’étrangéité m’étreint. J’assiste à une enquête en terrain connu. Tintin, Haddock et Tournesol appartiennent à mon imaginaire. Moulinsart évoque une maison de famille. Le directeur Baxter, le colonel Sponsz et l’émir Mohammed Ben Kalish Ezab pourrait être de vieux oncles perdus de vue. Je redoute les espiègleries du prince Abdallah et la bêtise de Séraphin Lampion. Nestor n’a rien perdu de sa dignité, mais voilà que j’aperçois mon vieil ami Szut. Tchang et Zorino sont adultes, je ne les ai pas vus grandir. Je découvre que la vie sentimentale de Bianca a été agitée, elle laisse une fortune qui pourrait avoir suscité des convoitises.
Écrit par un tintinolâtre, ce livre plaira aux tintinophiles qui apprécieront un récit qui enrichit et actualise l’univers de leur héros, tout en en respectant les codes. Un plaisir un tantinet régressif.
Stéphane de boysson